mardi 24 octobre 2017

Gregor

Se tortiller. Premièrement.
Deuxièmement, ouvrir les yeux. Un jour.
Poser ses pieds boueux et troisièmement chuter tout de suite.
Rêves fous qui le dévorent. Pensées insensées si denses, si présentes que Grégor Sousi comme transi de froid ne bouge plus.
Immobile, il se retrouve les yeux tournés vers l’intérieur où grouillent les peurs.
Près de lui, le lit où des écorces épidermiques surgissent d’un côté du sommier. Nuit singulière où telle une mue, comme sorti de son cocon, chenille, il se fige piégé de ses démons.
Sublime personne, qui devient personne. Où est le cyclope ?
Quelles sont les zones du corps de Grégor que le monstrueux insecte dévore ?
Everywhere.
Son corps est évincé.
Son corps se vide de ses viscères.
Ses membres se déchiquètent.
Ses yeux sortent par les orbites rouges verts bleus.
Délire imminent.
Fin du processus du sens.
Réflexion sombre. Grégor Sisou plonge sous la quintessence suprême du vide en l’occurrence irrésistiblement mortel.

FIN.

En hiver revisté

En hiver, il fait froid. C’est une affirmation banale, cependant le moral a froid aussi. « Le jour décline, le ciel se découvre plus sombre », Nicole est à sa fenêtre, elle s’éveille et déjà c’est le début de la nuit. Il est 17 heures. Dans son sommeil, il faisait jour. Elle vit en dormant. Le réveil l’accable. Elle évite le miroir, le reflet de ses cernes l’attriste.
« Comme une guêpe vers un pot de miel », ses pas la guident au petit PMU non loin de chez elle. Seulement, « les mots coincés entre son cœur et ses lèvres », font qu’elle ne peut pas dire. Ses lèvres sont scellées. Elle traîne son corps longeant le comptoir. Le patron la regarde. Il comprend ce qu’elle vit. Il lui tend un café allongé et lui lit un horoscope au hasard, il choisit « Balance » :
AMOUR : Les célibataires sortiront de l’hibernation et trouveront un nid douillet à partage .
TRAVAIL : L’important, c’est d’entreprendre des projets stimulants.
SANTE : Maussade.
Nicole l’écoute. Elle s’accoude et la tête dans la main, elle lève les yeux vers Régis le patron. Elle sourit .
La lune se lève.
A la télé, sont diffusées des actualités macabres au goût de sensationnel. Régis zappe, il met la radio « Nostalgie ».
La musique « Les mots bleus » est diffusée.
Dans le petit village de Saint-Alban, on pouvait voir danser Nicole et Régis au rythme de la boule à facettes.
Le printemps dans leur cœur était de retour.

La caféine promettait une nuit blanche.

vendredi 20 octobre 2017

L'esprit embué


Elle se réveille l’esprit embué de rêves guerriers. C’est une de ces journées grises et pluvieuses. Comme elle est en congé, elle s’étire et prolonge ce moment. Ouvrir les yeux, que si elle est obligée. Sourire, s’étirer, se lover sous la couette, compter de 10 en 10 les souffles profonds. Penser positivement, voir de belles choses, se remémorer de moments joyeux, de jolies personnes, de fêtes, comme poser. Une expérience intime entre soi et soi. Le bien-être d’un songe, d’un intermède voulu et apprécié pleinement, voluptueusement, quelque chose d’informel, de tendre et doux et non ce monstrueux insecte.

Pelote de Plumes


De la ficelle de duvet rose qu’il lui restait des petits poulets, il n’y avait plus que des plumes, des plumes partout. Des grosses, des petites, des longues, des larges, des colorées, partout des plumes, partout. Il y en avait dans les cheveux, dans le nez, dans les yeux. Certaines étaient même coincées entre ses doigts minuscules. Plus de pelote, plus de chien, plus de cochon ! Rien, sauf des plumes ! Son duvet déchiré, son lit arraché, la fenêtre fermée retenait ce flot léger d’allergènes volants. Derrière la porte, Bérénice attendait, Vivien le savait, le lien qui venait de se rompre l’avait libéré. Les plumes, il les aimait, il en rêvait, il adorait les regarder chuter. Il en prit une, une seule et signa de sa main Fin.

En hiver pas de A


En hiver, lorsque le jour décline, le ciel se découvre plus sombre, se dit Nicole lorsqu’elle s’éveille. Il est 17 heures ! Ce n’est plus l’heure ! Le sommeil s’est glissé en elle trop longtemps, encore une journée écourtée. Une montée en pression de ses trop d’heures de sommeil se fige sous les plis de ses yeux cernés. Ses rêves toujours présents l’ont tirée du lit violemment. Engourdi, son corps se glisse vers l’expresso comme une guêpe vers un pot de miel. Figée, elle doit lui répondre ! Les mots sont coincés entre son cœur et ses lèvres. Sous son sourire forcé, son teint se ternit. Une onde secoue tout son corps, il s’étire, elle retombe et ronfle.

En automne


En automne, lorsque le jour décline, l’ambiance de la maison change. Nicole l’a remarquée, en se réveillant. Cela aurait dû être un matin comme les autres, ni plus banal, ni plus exceptionnel. Pourtant elle en attendait beaucoup, sentant monter la pression après des heures de sommeil et des rêves agités, elle décide de prendre son café avec un peu de lait. Ce qu’elle ne s’autorise que très rarement ! Figée devant sa tasse, les paroles de Grégor Samsa virevoltent dans sa tête. Qu’allait-elle lui répondre ? Comment devait-elle s’y prendre ? Malgré elle, elle se retrouve coincée dans une angoisse si forte, si glaciale qu’elle devint blême. Pour échapper à cette atmosphère, elle décide de retourner dans son lit. Allongée, les mains sur sa poitrine apaisée, elle respire doucement, métamorphosée par le flux immense de ses pensées, elle sombre dans un sommeil monstrueux, tel un insecte pétri par le froid.

Une lune blême - hachée


Une lune blême lui fit mettre le premier poste de télévision qu’Hector émotionnellement vit de ses yeux de petits. Eloignée, Bérénice mère de lui, en profite pour être lue, dépourvu des sourires, des sorties du bistrot pour le donner de l’œuvre rouge, du moins le jeudi, le bonheur d’écrire sur les rares rêves plus rêveurs sous la lumière, les mots fous pleins de flots, festifs d’évènements terrestres, s’irritent sur une lune comme sur une dune, les doigts durent se promener sur des feuilles lisses, geste lourd d’encre vif, une fois de plus, les devoirs où l’on est obligé, où meurt le temps.

Une lune blême revisitée

Une lune étincelante se mirait dans le poste de télévision. Il était incapable de voir les images à cause de ces reflets intempestifs. Lui, avec ses petits yeux d’animal, il avait beau essayé de tirer dessus pour y voir mieux, il avait beau prier le ciel pour devenir nyctalope, il avait beau appeler sa mère Bérénice à l’aide, rien n’y faisait contre cette lune rouge. Il baignait sous sa lumière, son crâne luisant sous ses rayons. Il prit un coup de lune. Fleu, flin flo, flou. Des mots fous flous flots filoux, feulement fielleux, il perdait pied essayant de s’agripper comme il put à la barre de son fauteuil, qui perdait ses feuilles, des feuilles d’écriture, tout un cahier de devoirs s’envolait dans l’espace-temps, il se retrouva tournoyant dans le tourbillon fiévreux, le flot à la bouche, les doigts pianotant sur un clavier invisible. La télévision allumée sur la chaîne « Astronomie ».

Pelote de Poils car sans A


Une première ficelle de notre pelote de poils que je mis si souvent – vingt fois je crois - sur le duvet rose de mes petits poulets, pour leur donner du chien. Qu’ouis-je donc en tête à ce moment précis ? « Vivien ! Vivien ! » Il est où ce cochon ? Bien que Vivien vit une tête de Bérénice, notre poulette, se pencher dessus le bord de fenêtre, il se précipite sur le fourré, une peur tenue contre son ventre. Bérénice qui se mit sur son 31–recherche de style–ne le vit nullement. Vivien fut libéré de son effroi. Lui qui ne biche plus depuis des lustres. Il ne peut s’y résigner, trop intimidé. Si seulement elle lui plut. C’est le triste sort des êtres exigents.

Pelote de Laine d'Aragon


La première ficelle de ma pelote de laine que j’ai tant de fois malmenée la trimbalant de déménagements en déménagements, qu’avais-je donc en tête à ce moment précis ? « Aurélien ! Aurélien ! Il est où ce chenapan ? » Aussitôt qu’Aurélien vit la tête de Bérénice se pencher à la fenêtre, il se planqua dans le fourré, la peur au ventre. Bérénice se lança à sa recherche mais ne le trouva pas. Aurélien fut franchement soulagé de lui échapper. Il ne parvenait pas à l’affronter, trop intimidé. Si seulement elle avait pu être laide.

mystère

J'erre comme un lien macabre et l’œil coule sur les langues de chat.
Quand j'aère sarments et chenilles, l'ardoise sourit.

Elle me ravit ! Ces raisins ronds comme des seins semblent s'étendre sur le vieux fer de l'échelle.
Le lien me rattrape alors pour me couler la face sur le jus qui se corse au contact de la brûlure ferreuse.
Quelle miss cette terre !