J’étais ce matin au volant de ma voiture et je roulais en direction de mon travail alors
que la rue était déserte… Je suis tout à coup dépassé par une voiture avec une
sirène qui me coupe la route et s’arrête brusquement devant moi. Des hommes en
blouses blanches en sortent et viennent rapidement vers moi.
Je vais devoir les suivre car selon eux le café que j’ai bu ce matin au bar était
composé de grains frelatés qui peuvent entraîner un arrêt du cœur. Ils doivent me
récupérer et m’emmener dans un hôpital pour y être examiné de toute urgence.
Mon cœur, parait-il, peut s’arrêter de battre à tout moment.
Le film de mon étape matutinale dans le bar me revient alors à l’esprit. Tout semblait
normal dans ce petit arrêt que je respecte chaque matin. Le patron Gaston avait sa
bonne humeur joviale habituelle et les clients étaient tous des habitués qui comme
moi ont leur place réservée dans ce petit troquet de l’Estaque.
Alors que je suis allongé dans ce convoi qui a repris sa route toute sirène dehors, je
repense à cet épisode de mon enfance où je m’étais cassé la jambe dans un saut un
peu trop « périlleux » en cours de gym. L’ambulance qui m’emmenait à l’hôpital
retentissait de la même sonnerie stridente accompagnant une course de vitesse où le
chauffeur prenait toutes les autorisations pour rouler sur la voie opposée en contre-
sens. Mon cœur palpitait très fort… alors qu’aujourd’hui dans ce véhicule je me sens
physiquement très calme, comme si je m’éloignais de ma vie habituelle…
Ce ressenti contrasté avec cet élément de mon enfance me fait penser à ma récente
déconvenue en découvrant qu’on m’avait caché les conséquences possibles d’un mal
dont je souffrais depuis quelques mois : une légère surdité n’ayant apparemment
aucune origine physique. Selon le médecin consulté, seule mon imagination pouvait
être à l’origine de ce symptôme et pouvait s’expliquer par une perte de repères.
Alors que je me suis un peu assoupi dans ce camion qui n’en finit pas de rouler, les
personnes présentes autour de moi semblent prises d’une nouvelle fébrilité et je
perçois des bribes de conversation qui laissent entendre que mon cœur s’est arrêté
de battre. Tout cela ne m’inquiète pas car de mon côté je me sens très calme et tous
ces soignants me paraissent bien stressés !
L’un des infirmiers s’adresse à moi maintenant en me disant : « Monsieur vous
m’entendez ? ». J’ai les yeux bien ouverts, je le vois et l’entends mais aucun son ne
sort de ma bouche. Je ressens une complète immobilité de tout mon corps.
Que se passe-t-il donc dans cet habitacle où je suis entré dans un état qui était alors
des plus normal ? J’ai l’impression d’être victime d’une machination, d’une action
intentée à mon encontre pour me placer dans un état de légume…
J’ai perdu conscience pendant ce qui m’a paru durer quelques secondes et je me
retrouve maintenant dans une salle qui semble être celle d’un hôpital.
Mon « réveil » est des plus difficiles. Je me retrouve attaché sur un lit et je crie
« Détachez-moi, je vais très bien ! » … sans effet sur les personnes qui m’entourent.
Après quelques minutes d’agitation, je sens que je me calme peu à peu. Quelqu’un
me relève alors la tête pour me faire boire une potion accompagnée de deux gélules
à avaler.
Peu à peu, je réalise que j’ai dû faire une rechute, me retrouvant à nouveau dans un
hôpital psychiatrique en lutte avec mes visions schizophréniques. Pour moi, la vie
reste un éternel recommencement…
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