Les moustiques piquent les mômes. Grattouillis, grattouillas. L’un
soulage l’autre. L’autre est là, pour soutenir l’un dans la gratitude des
limonades bleues. Les langues se délient. Arrive le temps des confidences des
pipelettes d’Amsterdam à la langue fumeuse. Fumeuse fumeuse pas tant que ça !
une cigarette ou deux par jour. Oui là, évidemment, votre vice est de moindre
ampleur petit joueur. Votre mesquinerie dans le stupre est une surprise
stupide. N’est stupide que la stupidité comme dirait Forest Gump. Abandonner la
raison, abandonner l’opinion, accepter d’être dans la combustion du quotidien
quantique. Sa joie demeure malgré les années qui passent, malgré les aînés qui
trépassent, malgré nos mémés qui tremblassent malgré nos nénés qui s’effacent.
vendredi 29 juin 2018
Boudiou !
« Boudiou ! » Mémère veille en liquette à bord du bateau
fou, vieux d’un lustre, débordant de hiboux. Le déluge frustre les moussaillons
bigleux. N’ayant que leur courage, ils iront jusqu’au bout de leurs missions à
condition que les pilules du bonheur arrivent tôt. Tôt ou tard quelle
importance pour nous, le moment venu, ce changement si attendu. Viens Alfred
viens ! Coursons les nuages dans des cerfs-volants mastodontes. Oui ! Quoi de
plus agréable que la liberté de voler. Mais vous-même ? Avez-vous des vues
sur moi ? Oui, quand je mets mes lunettes et que je vous regarde. Je vois
un bel homme bien bâti aux yeux bleus. Il a la langue fort rugueuse et l’œil
larmoyant car son hérédité génétique est autrichienne.
La brise allemande
La brise allemande, longtemps bouge. Elle fouette le visage et
s’insinue dans le cœur. C’est la transhumance des rastaquouères, qui déferle
l’alpage. Prairie verdoyante aux pâquerettes ondoyantes. Féerie d’un monde
magique riant à moi plus souvent.
Cours ! Vole ! Je t’attends plaisir si longtemps désiré ! que
celui d’une partie de ping-pong en Corse ! C’est bien, c’est un voyage au
bout de l’enfance. Voyage susurré dans le creux de l’oreille, aux échos d’un
essaim d’abeilles, un fredonnement de frelons obséquieux. Beez, Beez, Beez mais
quel horrible insecte fourbe ! Pique-Nique douille, c’est toi :
l’andouille douillette qui cueille des violettes vert-de-gris dans le pré,
surpris dans quelques secondes, quand nous allons lire ce texte sans queue ni
texte.
Les moustiques de la piscine
Les moustiques de la piscine piquent les mômes, c’est comme un
automate dont les songes n’ont pas atteint les cieux. Dans l’air flotte le
drapeau de la victoire. Le jeu fait nage par ici. La défense doit être
automatique. Les hommes n’ont aucune nuance, leur âme est couleur ombre massif.
Mémère veille
« Boudiou »
! Mémère veille en liquette. « Bougliboulga » rapide, souffrante
d’une bléno en vrac. Son séant taquin coulisse. La balade est équine. Le
blaireau bouffant la moire. Grattoire de la vestale. Frequins sur transpalette.
Non-sens giratoire coulant sur l’opale.
Le Canard à l'Orange
Un soleil de
plomb dépose sa chape sur les épaules d’Édouard - l’Ecrevisse, de son petit
nom.
Viviane, la Blanche,
est dans l’eau. Son chapeau de paille à larges bords formant son bouclier anti
UV.
- Vas-tu
sortir de l’eau !
Édouard dore sa pilule rose au soleil. Adepte du farniente, il embaume
la plage de son fumet au monoï. Voir Viviane dans l’eau l’exaspère. Elle trouve
toujours un moyen d’échapper au bronze doré, malgré les astuces d’Édouard qui,
cette fois-ci, lui avait découpé dans la longueur les pans de son parasol dans
l’espoir d’avoir à minima une femme zèbre. Viviane sent sa peau se ramollir,
ses doigts, des coussinets ridés et blanchâtres tourner au violet. Elle
scrute la plage avec dépit, pas une langue d’ombre, pas même des silhouettes
sur le sable, le soleil au Zenith.
L’eau à 25° ne permet pas de tempérer le corps de Viviane la Blanche,
qui se refroidit. Battement des ailes, battement des cuisses, claquement des
dents, lèvres bleuies, mandibules qui se paralysent. Le bain devient
insupportable. Seule la haine contre Édouard se fortifie et émet un léger
rayonnement dans le creux de son plexus solaire, léger mais suffisant pour
lancer des éclairs à rayons laser à rays rouges qui tranchent avec le bleu de
ses yeux. Viviane déplace des hectolitres à mesure que son corps fend la grande
bleue. Les épaules sortent de l’eau, le poitrail tout riquiqui, pointant
fièrement vers l’avant, comme bravant l’affront du soleil, les fesses chair de
poule et enfin les pieds palmés laissant glisser les dernières gouttes d’eau
salée. Elle vient allonger mollement une droite dans la tête écrevisse d’Edouard
qui lui tendait les bras, ouvrant ainsi tout l’espace nécessaire à la rage de
Viviane frigorifiée. Édouard ploie sous le corps gelé de Viviane qui profite de
son étourdissement pour le maintenir au sol. Édouard convulse et fait des
bulles, il est atteint d’une apoplexie fulgurante. Le maître-nageur se
précipite le mettre à l’abri dans le petit port attenant.
Les cales des bateaux
gonflent leur ventre rond, boudinant, ondulant sa peau d’orange. Les encres
frappent le sol de leurs griffes d’acier, les voiles sifflent leurs mélodies
tuent-têtes. Les filets de pêcheurs bavent des bulles à poissons, crachats
d’algues, morves de méduse, piquants d’arrêtes. « Arrête ! », « Arrête ! »,
Édouard scande « Arrête !», décampant à la force à peine retrouvée de ses
nageoires pataudes, de son aileron mollesse, de ses turbines à coups péteux :
une pétarade qui lui fait prend son envol. Une écrevisse qui voltige dans le
ciel pour s’écraser le cul explosé sur le coin de serviette, où s’est réfugiée
Viviane, qui sort sa gueule ouverte sur sept rangées de dents, ses petits yeux
bleus transformés en billes noires, un voile les recouvrant. Signe d’une
extrême colère. Édouard se méfie. Il l’immobilise par une prise judoka et tente
d’apprivoiser le mammifère, à coup de petits jets de monoï. Viviane semble se
radoucir, sa peau blanche agressée par le sel et l’eau est attendrie par l’huile
lascive. Elle reprend forme humaine, se délecte de la souplesse de l’huile sur
son corps. Elle couine de plaisir et caquetant comme un canard, ne s’aperçoit
pas que sa peau devient orange sous le soleil. Édouard en perd la tête et
s’extasie devant son canard à l’orange.
PIC NIQUE
Le juge
jauge d'un silence. Dans son bureau austère, son silence glacial, s'adresse à
un interpellé, qui répond d'un mutisme obstiné. Une avocate est là, mais si peu
présente qu'elle est muette, comme une fluette chaise, malhabile où personne ne
peut s’asseoir, tant une impression de fragilité monte d'elle. L'interpellé,
comme le juge, savent balancer des phrases, coupantes et fines comme des idées
tueuses. Quand chacun parle, ça fuse comme à Paname, dans un lupanar où l'orgie
le dispute au bruit. Chacun dans sa catégorie, le juge en manière de légalités
assénées, et de la force qui doit rester au droit. L'interpellé, voyou aguerri
qui conteste constamment avec un aplomb plombant, et une moquerie certaine, la
bienséance, et le rituel établi des accusateurs, justiciers implacables et
froids. La narquoise, dépréciation de ce viveur des rues, encore jeune, glisse
avec débordement, sur l'assise certaine de l'homme un peu vieux, doté d'une
maturité d'expériences et d'une tranquillité méritoire, ce juge tenace. L'avocate,
elle, au milieu de cette joute, ou personne ne cède d'un pouce, tâche de douces
paroles, d'apaiser la vivacité de son client, en veine d'inspiration
quasi-outrancière. Tout cela dure, dans l'ambiance sinon feutrée de ce lieu
petit.
L'avocate
ne cesse de fondre, tant, son loquace client et la diatribe du juge, passent
au-dessus d'elle, ou en bas de tout ça, elle fait figure d'un petit soldat
égaré au fond d'une tranchée.
C'est
alors qu'au détour des échanges, celui mis en cause, parle d'une affaire qui met
mal à l'aise le représentant d'une institution, réputée trancher aveuglement.
L'avocate hors circuit, ne remarque pas cela.
Le
convocateur, du soupçonné coupable, vacille un peu, grince dans son
fonctionnement, un malaise perceptible lui fait perdre de son assurance.
Le voyou, habile en rajoute et domine, maintenant, vertement la situation. Le
juge s'en sort, en mettant fin à la séance. Une fois le prévenu renvoyé en
maison d'arrêt, le juge seul respire un peu mieux, tout songeur, cependant de
l'affaire évoquée, par le délinquant et dont lui, juge avait dû se prononcer
dans le passé et un embarras.
Voici les
vacances, débarrassé pour un temps de sa charge, le juge, loin des soucis et de
la ville, dans un monde forestier, solitaire faisant de longues marches en
zone, où les arbres abondent en masse forte, où l'homme vient peu. Dedans,
règne une ombre et du violet, dedans, un souffle étrange caresse l'existence.
Le bon marcheur, continue sans faille, à déployer sa vivacité dans cette
nature vivifiée. Peu à peu glissant dans ce pays, il se sent devenir ombre et
squelette. Un frais chemin l'absorbe, infiniment tournant, il coupe et recoupe
les arbres élevés et tourne autour d'eux comme une pratique magique. La volupté
du cercle, organise quelque chose, qui dépasse l'entendement. Il respire la
tourbe, ocre, de cette terre glaise. Il flotte comme une chose, emportée par le
courant de la vie. Il sent la courbe et le gluant des sensations, dans ses
souliers d'arpenteur. La forêt n'est plus qu'un noir puissant, tant l'ombre est
fantasque, nuit végétale sans égale. Dans l'endurance et la panoplie des
ressentis, prenant la place dans la longévité du monde. Il se croit dans une
mangrove, d'une eau définitivement trouble, jaunâtre et un peu saumâtre,
baignée d'élégants serpents et de poissons bleus. Le son est percutant, comme
un bon tambour des brousses inventées, peut-être un sort de la sève tenace, qui
élance les arbres vers le ciel invisible, dans l'antre de la forêt masque et
haute. Ce son est une hallucination de réactions.
Le voilà
de nouveau, dans l'inconfort de son bureau minable, placidement acide,
d'insignifiance au regard de bien des choses. Devant lui, le fourbe au visage
taillé à la serpe et faisant des verbes saillants, et à côté, petite et
toujours douce, d'intention ou de lassitude, l'avocate fait sa part de
faiblesse. Le juge, se souvient de l'affaire du bûcheron d’Angoulême, retrouvé
noyé dans une piscine olympique, tandis que le suspect certain, débite toute
une série de mots débilitants. D'un coup, d'un mot, le juge voit soudain,
l'interpellé comme un tigre blanc, aux yeux jaunes striés de noir. Le juge sans
effroi, pour reprendre ses esprits, observe un peu l'avocate toujours douce,
paisible et inoffensive. Le juge, dans l'instant, se dit qu'un chamane l'a
magicené de noir. Il pense alors, à un pic-nique d'enfance, où son admiration
pour une fourmi égarée, lui avait donné le sentiment d'être une fourmi. A peine
cette pensée émise, qu'il devient fourmi géante, dont le regard, décidé égare
d'épouvantes, le tigre dominé par cette vision terrible. Trois humains, dans un
semi-brouillards sont là dans sa conscience élastique, de tant de phénomènes.
Une odeur d'arbre envahi le juge et un vent frais lui caresse l'esprit. Alors
bien de retour dans le terre à terre, il entend l'interpellé reconnaître les
faits reprochés, qui vont le condamner à vivre, un peu comme une fourmi perdue
dans les couloirs d'une fourmilière qu'est une prison d'Etat, tandis que
l'avocate médusée se pose enfin des questions sur son rôle, et cela
intérieurement, bien que son hébétude, ne cache rien de cela.
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