Ils se regardaient tous en faisant des signes discrets avec les doigts. D'où venait ce type? Les mains se levaient et faisaient la trompette, le pouce fiché sur le
nez, les doigts appuyant virtuellement sur des pistons. L’autre imitait les cors
du cerf, les pouces sur les tempes, les doigts en éventails. Des sons
sortaient, sonores, de manière aléatoire et se répercutaient en écho sur le
flanc des montagnes. Le type continuait, dithyrambique cette fois, sur les
bienfaits de la montagne :
« Le bol d’air pur, qui gonfle les poumons et siffle par le nez, les
muscles bandés qui chauffent les cuisses et activent la circulation, la couleur
pure et tendre des pins et des glands qui ravit l’œil. Le chant du loup qui
hurle au loin son tohu-bohu, le vent qui chatouille la nuque et les oreilles. La
colonne vertébrale frissonnante sous le chaud froid de la transpiration et des
neiges éternelles. Le goût acidulé dans la bouche des bonbons à la chlorophylle,
le crépuscule obscurcissant le paysage,…» Paf ! Le type se prit une branche en
plein visage. Ce qui ne manqua pas d’amuser les randonneurs qui ouvraient des
bouches hilarantes, sans qu’aucun rire ne sorte, qui se mettaient la main sur
le ventre, comme pliés en deux. Le type reprit ses esprits et devisa sur la force
de la nature, quand Paf ! Une autre branche lui claqua une bonne gifle, ce
qui ne manqua pas de ranimer le groupe en mouvements joyeux. Le type, la main
caressant sa joue, se remit à déblatérer sur les comiques de répétition, quand,
une oie sauvage se déchargea sur le coin de son œil, peignant la moitié du
visage du type d’un ton blanc opaque. Re-mouvement de foule, ondulante et
muette. Le type se mit à regarder de son seul œil ses compagnons de voyage et comprit
enfin à qu’il avait à faire. Il se tue cette fois-ci, déposa son sac à dos par
terre et se mit à grimper sur un conifère aux multiples branches Escalier. Il
se posta au sommet et reproduisit le cri d’une chouette. Le groupe observa béat
et des sons de chouettes sortirent miraculeusement de leur bouche.
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