Les milles et une nuit était posé sur la table de la cuisine. Les milles et une nuit c’est tout ce qu’il m’avait laissé. Milles et une nuit d’histoire. Milles et une nuit d’amour. Milles et une nuit de rêves. Milles et un contes racontés si souvent. Il était parti. Du jour au lendemain. Cette douloureuse impression de sentir que notre vie va profondément être bouleversée à partir de ce moment précis mais sans pouvoir en définir les contours ni prendre conscience du tsunami qui s’en suivra. Cette fâcheuse impression d’une scène de déjà vu, tournée dans tant de films mais dont on pense ne jamais pouvoir en être l’acteur principal.
« J’ai de grands projets dont je ne peux te parler. Un jour je t’expliquerai ». Papier blanc. Feutre noir. Table de cuisine.
J’ai d’abord cru à un enlèvement, une disparition inquiétante avant de me faire une raison. Emile avait bel et bien quitté, ou devrais-je dire fui le bateau, en me laissant dans l’incompréhension totale. Les similis nuits dans lesquelles je sombrai alors fut une longue traversée de rêves noueux et de larmes au réveil. Ce n’est qu’au bout de quelques mois que je repris peu à peu goût à la vie et c’est lorsque que je n’espérais plus avoir de nouvelles qu’un jour Sandra, ma meilleure amie vint me trouver avec un article de journal à la main. L’encadré contait l’histoire de ce marseillais qui s’était pris d’amour pour les huîtres. D’une véritable passion qu’il avait du jour au lendemain décidé de tout quitter. Sa ville. Sa femme. La bouillabaisse. Tout. Pour aller s’installer seul en Normandie et tout recommencer à zéro. Sous l’encadré une petite photo, dessus on pouvait voir un homme, une barbe courte, se tenant sous un panneau de restaurant indiquant « l’Emile et une huître ».
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