Alors, laissa-t-elle vagabonder son imagination devant les étals du marché, une grappe de raisin gorgée de jus à la peau si fine et si tendue que l'on pourrait croire que le contenu juteux exploserait au moindre attouchement. Le raisin blanc et le transparent de son grain offrant l’avantage d'en deviner le noyau.
Une orange
un peu flétrie, qui ajoute aux capitons, un aspect ridé de fesses de
grand-mère, à l’exception faite de sa couleur encore vive mais qui pourrait
être celle d'une peau tannée par un soleil brûlant. Les bacs d'olives provençales
laissent échapper une odeur amère et épicée à laquelle se rajoute l'odeur musquée
des bâtons de cannelle qui tapisse ses narines d'une poudre apaisante. Elle
sourit devant la caisse de figues séchées, petites bourses brunes rabougris et
essorées et surmenée suite à une activité intense. Elle reconnaît dans chacun
des fruits, légumes et condiments, un détail de son quotidien intime, elle
transformait la diversité des étalages dans une réalité propre qui était la
sienne. Des pommes à la tige pointant vers le ciel, des poires aux embouts
gonflés et tendres, des cerises, toujours par deux, rutilantes et affriolantes.
Des bananes souvent charnues, mais quelques-unes ratatinées, ayant perdu de
leur vigueur, de leur couleur ou juste à une peau de banane sèche et à
l'abandon, bien connues d’elle, de celle dont la vie peine à être ravivée, qui
arrive déjà dans une défaite outrageante, sans espoir de courbure glorieuse, même
éphémère.
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