dimanche 18 février 2018

L'acrobate

Ramassée sur le sol, dans son habit pailleté, les feux des projecteurs transforment notre acrobate en une boule à facettes. La tête cachée entre les mains, le cœur battant, elle cherche à canaliser son trac. Respiration profonde. Ses côtes se gonflent et se dégonflent. La musique enveloppe le corps qui se déplie avec souplesse dans une vrille élégante et légère d’un amour primaire. Le visage lisse, détendu est radieux. Les notes ondulent sur l’acrobate, qui dessine des lignes mélodiques dans l’espace. Les gestes sont précis, ciselés, le regard brille. Elle pense à sa sœur, à leur enfance heureuse quand elles tournaient sur elles-mêmes sous la lumière chaude du soleil de Cochinchine. La douceur de l’innocence, la grandeur des premiers âges. Les auditeurs n’existent plus, la scène n’existe plus, les mouvements fluides se volatilisent. Seul résiste l’hologramme aux reflets bleutés.

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