Je dormais parmi d'autres dormeurs plein de chaleur et de langueur. Je dormais exagérément et
faisais peser tout mon corps sur le sable.
Quand je me réveillais, piqué par les bruits de la foule réunie, presque tous les habitants du village
étaient là. D'abord, je crus à un accident, ou à une fête, un évènement dont je n'aurais pas remarqué
les préparatifs ?
Mais c'est en écoutant au-delà du bruissement des voix, dans cette langue que je ne connaissais
qu'encore très peu, que je m'éveillais vraiment.
Silence.
Le son des vagues s'était échappé. J'ouvrais les yeux, me redressais.
Où était partie la houle gracieuse? A sa place, bien visibles, les casiers des pêcheurs, comme sortis
de l'eau. Mais c'était la mer qui n'était plus. Même en fixant au loin et en forçant mon regard, rien,
enfin seulement du sable, du sable, du sable.
Même les hommes, les femmes, les animaux qui les accompagnaient ou ne les accompagnaient pas
s'étaient tu. Tous attendaient.
Nous étions suspendus, le monde était suspendu.
Puis le sol frémit, et il y eu un spasme discret mais perceptible.
Au loin, sans aucun doute, l'eau revenait à nous.
Une seule vague. Immense, sans limites, puissante, folle.
Mes pensées m'échappaient. Je me recroquevillais lentement.
Puis, tranquillement, de nouveau contre le sable, j'attendais.
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