Je peindrai ici l’image de
l’autruche. C’est une bête préhistorique, haut sur les cuisses, à tête
télescopique et aux yeux ronds, sortant de leur orbite, flanqués de chaque côté
d’un crâne chétif, déplumé comme un Chaussée au Moine. Une tête perchée, qui
peut aussi bien se rétracter au fond d’un trou, pour se planquer, laissant à
voir, sa croupe et son fion à plumes. Ce n’est point la dextérité du lézard,
qui se faufile, discret, parfois tête en l’air à en perdre sa queue. Ce n’est
point la sagesse du Cœlacanthe, qui se pose dans les fonds marins, observateur
et passif. C’est un oiseau lourd qui se déplace sur talons aiguilles, tel un
travelo à paillettes, faux cils et rouge à lèvre tapageur. La nourriture, il
l’aime broyée, en grain, pour certains, et pour d’autres tordue, gluante, qui
s’aspire comme des spaghettis, qu’on avale sans mâcher. Pas difficile, il gobe
et graille le tout venant qu’il fait descendre dans son long œsophage et qui a
tout son temps pour une digestion lente, dans les méandres de son gros corps
pleins de boyaux.
Si je vous présence ce modèle,
avouez-le, il a l’étrangeté de ce que la nature peut produire d’incohérent. Un
oiseau au long cou, qui plante des choux, les pieds en éventails, le vent
s’engouffrant dans le feuilleté volumineux du duvet et des plumes, qui ne
servent pas à voler. Leur seule destination : Plumeaux à ménage. Je
n’omets pas que ses œufs soient l’apanage des pontifes et émirs. Gros festin de
jaunes et de blancs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire