Je
peindrai ici l’image d’un oiseau et pas n’importe quel oiseau : un
coq ! C’est une bête altière, le cou s’évasant en trompette et la queue
coiffée de plumes hirsutes. Son corps vêtu de toutes couleurs porte des yeux
ronds qui vous fixent avec fierté et hypnotisme. Sa petite tête ornée d’un
chapeau de noblesse s’anime lorsque du fond de son gosier résonne sa célèbre
cantate du matin. C’est alors, le regard fixant la dernière étoile, le torse
bombé, qu’il pousse le son guttural que l’on reconnait entre tous.
Ce
n’est point le colibri, léger et volatil qui disparait dans la canopée. Ce
n’est point l’aigle royal planant tel un Dieu dans les cieux. C’est l’emblème
de la France qui déploie ses ailes à 2 cm du sol, qui prône son autorité du
haut de son perchoir, entouré de sa bassecour assouvie. Quand lui prend une
envie de soumettre la poule, il se jette à la vitesse de l’éclair sans
alternative et préliminaire. Inutile de faire la cour à sa cour. Sa séduction
est tout acquise, sa majesté s’offre à son harem, sa première dame doit en
percevoir l’honneur, ébouriffée par tant d’ardeur.
La
nourriture : il l’aime. Du gros ver bien gras et gesticulant au grain de
sable ou de blé, tout y passe. Son bec pointu et crochu attaque tel un bretteur
à la garde saisissant d’une balestra ancestrale le moindre sujet à croquer. De
ses ongles apprêtés pour l’usage, son agilité griffe le sol d’un geste vif dénichant
des trésors insoupçonnés.
Il
pourrait craindre le renard s’il le connaissait rusé mais ceux qui ont eu la
malchance de le rencontrer ne sont plus là pour en témoigner. Alors il ne
craint personne et saurait doubler de volume si un concurrent viendrait à se
présenter. Il ne peut y avoir qu’un bellâtre dans le poulailler. Détesté dans
les villes, si je vous présente ce modèle, avouez-le, c’est qu’il respire la
campagne du haut de son royaume. Accepter le chant du coq au levé du jour un we
chez grand-mère est le pire des cauchemars quand les klaxons ont fusé au feu
rouge, en bas de la cage d’escalier et ce, chaque jour de la semaine. Paris
veut du calme quand il s’en éloigne. Il mettrait volontiers son favoritisme sur
les vaches si celles-ci ne s’encombraient de mouches. Je n’omets pas qu’il
préférerait même le surgelé que de l’avoir dans son assiette, parce que c’est mieux
pour la planète…
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