Miroir aux alouettes, tiroir aux
oubliettes. Front en affront, cheveux tirés en arrière. Effacement des traits,
le nez en éperon. Visage noirci, ombres pleines, yeux absents, crânerie du
crâne, nudité frontale, bouche scellée. Mystère voulu.
Il a changé, il s'est glissé, il a passé
son temps, il a rangé son patronyme, vivre caché à soi-même, sous une appellation
nouvelle. Faire semblant pour être moins tremblant. Identité formelle,
acceptable pour que le fond tienne. Cache-cache avec le vice, pour arracher la
vie à la mort, pour ne pas être recherché, nomination nouvelle pour déminer le
soupçon. Grimer sa vie, grimacer son existence pour éviter d'être cible, pour
résister, pour donner le change, se faire ange ordinaire, pour ne pas passer
pour le démon de service, le criminel désigné par l'arbitraire d'un état
totalitaire. Planquer sa vibration, cliver son cas.
Mais voilà, quelqu'une le reconnait,
boulevard Balthazar devant un magasin de farce et attrape, et pas n'importe
qui, Violaine Casimir, la catcheuse tueuse de légionnaire, libérée par
l'occupant, tout content qu'il est, qu'elle ait occis des opposants potentiels,
juste avant la guerre. Elle a eu le temps de se faire juger, mais pas celui de
se faire décapiter, alors libre, elle collabore de guinguettes en ghettos.
Aie, aie...se dit le démasqué, pas
méchante la Violaine, certes mais pas discrète pour autant. Il avait fait sa
connaissance, à quelques années d'ici dans un bastringue de Belleville, place
du Combat. Toute une histoire de folklores et d'ambiances ou la vie facile
s'ouvrait la nuit à la lumière des lampions, où l'on buvait, à la santé des
champions. Violaine n'a peur de rien, vit de cris et de soifs. La retrouver là
est incommodant. Heureusement, la relation est bonne, reste à lui faire croire
à une locale histoire amoureuse secrète pour espérer qu'elle n'ébruite sa
présence et son identité. La rendre mutique à son sujet.
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