Chère Sarah,
Me voici à Tombouctou, où tout est beau. Depuis trois mois, que je suis ici, tout me fait penser à toi, le brouhaha de la foule, les aboiements des chiens, le piétinement des chevaux, le vol des corbeaux...
J'ai quitté Vesoul et sa musique, pour me rendre compte, que loin de toi, je suis un apatride; j'étais déjà amoureux de toi, à l'époque de l'école, mais je ne le savais pas, il me faut le voyage, de toute une vie d'adulte pour me défaire de l'abrutissement consternant de la société !
A la recherche d'or, de trésor, me voilà rendu à ma misère sentimentale, j'ai beau parlé huit langues, c'est la tienne qui me manque le plus...
Habillé en chamelier, j'ai l'impression de convoyer, toutes les imbécillités de nos vieilles cités. Je me souviens de nos jeudis, quand la fanfare municipale défilait dans son ronronnement de Trafalgar et que tu riais de l'autre côté de la rue, où ta blondeur me fascinait.
Tu me manques terriblement, je dors peu et sors de ma torpeur, quand un rêve farouche m'assaille de ta présence.
Tu peux te demander, comment en tant d'années, j'ai pu passer à coté de toi, sans avoir déclaré ma flamme, c'est qu'il me manquait au charbon de mon âme, le mal du pays qui a ton visage...
Comment se fait-il que depuis que j'ai quitté l'Europe et ses oripeaux, je t'ai tant dans la peau, je ne me l'explique pas, mon coeur est fétide, depuis que j'ai amorcé mon expédition et il me faut être au Sahel, pour voir le sel qui manque à ma vie, j'ai tout le temps pensé à toi Sarah, alors, que je traversé un bout du Sahara, et les touaregs avaient le bleu de tes yeux.
Je finis cette lettre, en disant : je t'aime, à la lumière d'une lampe à pétrole et dans une nuée de sarabande de moustiques qui me perturbent l'acoustique.
Vladimir, au corps solide de conquistador, mais au coeur gonflé d'absences.
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