Cher Monsieur Castagnier,
C’est avec beaucoup de peine que j'ai appris votre
incarcération suite à votre procès perdu en appel à la cour d'Aix-en-Provence.
Je ne citerai pas ici les accusations infâmes dont vous faîtes l'objet. J'ai
suivi assidûment, avec passion et horreur, le déroulement de votre procès. Le
fait que vous ayez assuré vous-même votre défense ne vous a rendu que plus
héroïque. Il est évident que les jurés étaient aveugles, insensibles et
corrompus pour condamner un homme d'une aussi grande valeur. De toute évidence
ils n'ont pas su différencier l'homme du ministre !
Vous avez brillamment fait votre entrée en
politique auprès d'un jeune candidat que vous avez soutenu de toute votre
splendide âme durant son mandat présidentiel avant de rejoindre, chez vous, le
nouveau maire de Marseille (quel dommage que son mandat ait été interrompu par
l'explosion d'une bombe artisanale à base d'huile pimentée à l'hôtel du
département...).
Je me suis engagé en 2030 dans le parti que vous
avez ensuite fondé. J'ai tracté, marché, milité, manifesté.
J'ai communiqué, rédigé, imprimé, débattu, discuté,
défendu, convaincu... et tout cela pour un seul homme : Christophe.
En 2036, lors de votre arrestation pour - j'ose à
peine le dire - association de malfaiteurs, j'ai hurlé au scandale. J'ai tenté
de convaincre le pays tout entier que vous n'aviez aucun lien avec la mafia
locale, que vous n'aviez jamais ni argent ni armes ni sable ni burrata.
Beaucoup de de compagnons nous ont lâchés mais moi je ne vous quitterai jamais.
Même la justice, liguée contre le grand banditisme, ne nous séparera pas. On
pourrait découvrir une prostituée morte dans le placard de votre salle de bain
que je ne vous laisserais pas tomber !
Car Monsieur Castagnier, je vous aime et vous
admire. En tant qu'homme et qu'ancien ministre. J'ai foi en vous : dès que vous
serez relâché, lavé de tout soupçon, votre peine purgée, blanc comme neige,
vous pourrez renaître de vos cendres et redevenir ce monument politique que
vous avez été. Je sais que vous saurez regagner la confiance des électeurs. La
mafia, ça ne fait plus peur et c'est bien plus élégant que le détournement de
fonds.
Vous pouvez compter sur moi, mon amour
inconditionnel vous guidera vers la sortie. Je jure de vous écrire chaque jour
à la prison de Notre-Dame-des-Landes (et dire que vous l'avez faite construire
vous-
même...) jusqu'à ce que de nos échanges émerge le
nouveau Christophe. Je suis sûr que Françoise Nyssen sera très intéressée par
ces lettres, puis il n'y aura plus qu'à attendre que Netflix en fasse une
série.
Signé :
A. G., votre futur directeur de
campagne
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