Cri des corneilles aux cimes encore nues
L’Univers s’agite, Mathilde est
revenue
Clé sous la porte, tablier rendu
Demain s’effrite, Mathilde est
revenue
Le cœur trop mou, haché tout menu
Les dés sont pipés, Mathilde est
revenue
Oh ! Grand remplacement,
Oh ! Îles mirages
A quoi bon lutter, Mathilde est
revenue
Le corps en suspension dans une autre dimension le temps d’une chanson, d’un mois, d’un songe peut-être ? En contemplation devant ce parallélépipède un peu bancal, pas très symétrique en somme, qu’était sa vie jusqu’à maintenant. C’est l’hiver, le spectacle est beau, finalement, quand on le regarde de haut.
Et puis
soudain, ses bras, ses jambes, indubitablement, elle vit encore et les jours
font sens, les heures prennent forme et les angles des rues dans son esprit
retrouvent des couleurs. Combativement, elle remet de l’ordre aux méandres de
son cerveau et les reflux boueux qui composent ses pensées se mêlent d’eau
claire, c’est limpide. Une démocratie nouvelle, des articles de lois
syntaxiquement parfaits, en accord avec elle-même. Anticonstitutionnellement
elle prend la fille de l’air, l’exode loin d’hier sera long mais la quête est
louable, trouver enfin son monde, et le régir à sa façon.
Elle hasarde un œil fiévreux sur la charpente maintenant à ciel ouvert. La fenêtre en face a perdu ses carreaux, et ouvre maintenant des yeux vides sur le corps des oiseaux de proie, fermant le bal sur les derniers airs de la catastrophe qui vient de se jouer.
Oh Mathilde,
trombe marine dont la légende fait trembler les pêcheurs par son inconstance,
se passera- t-il un mois, un an, une décade avant que tu ne reviennes engloutir
les chalutiers et leurs filets, avant que tu ne transformes à nouveau les prés
en marais stériles ? Combien se sont déjà retrouvés apatrides après
tes frasques ?
Elle repousse
la lourde table et les décombres qui la coincent au coin de la pièce et sort de
la chaumière avec peine, enjambant les branches et les gravats.
Elle ramasse au
hasard les quelques souvenirs rescapés, un cadre, une théière, sa vieille
poupée.
Elle émigre
vers l’horizon, où le ciel est clair et où Mathilde, la reine des tempêtes,
n’existe plus.
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