mardi 1 décembre 2020

Sur quelle route ?

Ce jour-là, je ne me suis pas reconnu, rouge de honte, vert de dégout, noir de colère, ça m'a donné des ailes, décuplé mes forces, mis à terre. J'aurais voulu des tonnes de choses, des kilos d'expressions et des grammes de légèreté, j'avais perdu la face et l'intelligence du monde, le désarroi me catapultait vers les étoiles noires.

L'errance hermétique, dans une ville médiévale, me portait dans le froid des platanes. Une injustice faite, brise de loin, tout, emporte le sens de la vie dans un tourbillon. Je tenais debout, dans le chaos des rencontres, sans montrer des signes d'affections. La rancœur me tenait depuis des lustres. Je mesurais les incompréhensions manifestes dans un chagrin intérieur. Les catastrophes sont toujours personnelles. J'avais rien de solennel à signaler, j'étais un tâcheron de la renaissance, l'ombre me mettait à l'abri des vivants, fermé de silences, et solitaire mortel, je me retrouvais, toujours dans des circonstances étranges, ou l'exil me faisait voyager au-delà, des lignes d'horizons.
J'avais pris la voiture et des virages neufs.  Stomaqué de drames, je brûlais sans vivre, j'avais eu des accidents et des évasions multiples et à un moment...

Je stoppais, net, d’un coup, en plein milieu de la route, avec l’étrange sensation que je ne pouvais pas aller plus loin. Devant moi, un infini laiteux, cotonneux qui rendait floue ma vision, m’engluait dans une gangue oppressante. Un tourbillon de moments de ma vie, image par image, se déroulait sous mes yeux ébahis. Je revoyais tout, par bribes : l’injustice, les incompréhensions, les catastrophes, tout, par flashs. Ma colère, ma honte…..

J’eus l’étrange sensation que le véhicule tournait sur lui-même comme sur les manèges de mon enfance où le pompon m’échappait toujours. Ce fût qu’au bout d’une longue minute de tambourinement sur la vitre que j’atterris de mon monde virtuel.

-        Vous allez bien Monsieur ? avez-vous besoin de quelque chose ? je peux vous aider ?

Un jeune homme, un quidam dont le désir visiblement était de porter secours, d’aider, de ne pas passer à côté d’un désarroi évident.

Ça existe donc encore ce type d’être humain ? La méchanceté, la colère, la honte, le dégout n’étaient donc pas les seuls sentiments que l’on pouvait ressentir ? L’espoir était possible ?

Alors, pendant que ma voix prononçait les simples paroles rassurantes de remerciements, je m’entendis dire au fond de moi : Maintenant je suis prêt à tout quitter et recommencer à zéro.

(Vincent & Fernande)

1 commentaire:

  1. Bravo Fernande, bonne continuation dans le même registre, ou le héros en perdition vit une sorte de kairos, un born again et sort de sa torpeur maléfique...

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