Ce jour-là, je ne me suis pas reconnu, rouge de honte, vert de dégout, noir de colère, ça m'a donné des ailes, décuplé mes forces, mis à terre. J'aurais voulu des tonnes de choses, des kilos d'expressions et des grammes de légèreté, j'avais perdu la face et l'intelligence du monde, le désarroi me catapultait vers les étoiles noires.
L'errance hermétique, dans une ville
médiévale, me portait dans le froid des platanes. Une injustice faite, brise de
loin, tout, emporte le sens de la vie dans un tourbillon. Je tenais debout,
dans le chaos des rencontres, sans montrer des signes d'affections. La rancœur
me tenait depuis des lustres. Je mesurais les incompréhensions manifestes dans
un chagrin intérieur. Les catastrophes sont toujours personnelles. J'avais rien
de solennel à signaler, j'étais un tâcheron de la renaissance, l'ombre me
mettait à l'abri des vivants, fermé de silences, et solitaire mortel, je me
retrouvais, toujours dans des circonstances étranges, ou l'exil me faisait
voyager au-delà, des lignes d'horizons.
J'avais pris la voiture et des virages neufs. Stomaqué de drames, je brûlais sans vivre,
j'avais eu des accidents et des évasions multiples et à un moment...
Je stoppais, net, d’un coup, en plein
milieu de la route, avec l’étrange sensation que je ne pouvais pas aller plus
loin. Devant moi, un infini laiteux, cotonneux qui rendait floue ma vision,
m’engluait dans une gangue oppressante. Un tourbillon de moments de ma vie,
image par image, se déroulait sous mes yeux ébahis. Je revoyais tout, par
bribes : l’injustice, les incompréhensions, les catastrophes, tout, par
flashs. Ma colère, ma honte…..
J’eus l’étrange sensation que le véhicule
tournait sur lui-même comme sur les manèges de mon enfance où le pompon
m’échappait toujours. Ce fût qu’au bout d’une longue minute de tambourinement
sur la vitre que j’atterris de mon monde virtuel.
- Vous allez
bien Monsieur ? avez-vous besoin de quelque chose ? je peux vous
aider ?
Un jeune homme, un quidam dont le désir
visiblement était de porter secours, d’aider, de ne pas passer à côté d’un
désarroi évident.
Ça existe donc encore ce type d’être humain ?
La méchanceté, la colère, la honte, le dégout n’étaient donc pas les seuls
sentiments que l’on pouvait ressentir ? L’espoir était possible ?
Alors, pendant que ma voix prononçait les
simples paroles rassurantes de remerciements, je m’entendis dire au fond de
moi : Maintenant je suis prêt à tout quitter et recommencer à zéro.
(Vincent & Fernande)
Bravo Fernande, bonne continuation dans le même registre, ou le héros en perdition vit une sorte de kairos, un born again et sort de sa torpeur maléfique...
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