dimanche 18 novembre 2018

La lune

La lune scintille mollement en cette période de mousson
Sa lumière est tamisée par la pluie ou les nuages
Et un grand silence s’installe, froid, pesant et effrayant.
Il vient se tordre dans les roues du fauteuil, qui se met à tourner à vive allure.
Et glisse de plus en plus vite, et veut tout stopper,
Mais l’élan est trop fort et la pensée impuissante

La sècheresse


Le coureur sur échasses pique là une pomme, là une pêche,
Il se régale comme un enfant qui mange des fraises
Le soleil poudroie d’or la poussière du chemin
La sécheresse est à son comble, la vie semble avoir déserté la vallée roussie
On entend le bruit des herbes sèches qui se frôlent


Sorti de nulle part


Le type sortait de nulle part, à croire qu’il nous a vu passer et qu’il a décidé, sur un coup de tête, de nous suivre, mais il ne sait pas à qui il a à faire. Il ne tiendra jamais le coup avec nous.
C’est un grand type, plutôt costaud, Gredin, il s’appelle Gredin, je crois. S’il continue, on va tous se liguer contre lui et il va retourner d’où il vient !
-Attendez moi ! criait-il, essoufflé, et il fait trop froid, et puis ça glisse. Pestait-il encore.
Cette fois s’en était trop :
-        - Vous allez partir ! On ne veut plus de vous dans le groupe.
Le type entendant ces mots, se mit dans une colère noire. Son visage devint rouge, son cou se mit à grossir, grossir. Ses yeux sortaient de leur orbite, ses mains gonflaient, ses ongles s’allongeaient. C’était un monstre de 4 m de haut qui se dressait devant eux. Ils sont là, pétrifiés, la peur au ventre, ils voulurent crier, s’enfuir, courir mais non, rien n’y faisait, leurs sens ne répondaient plus ! Le type se mit à souffler d’un coup. Et au moment où celui-ci s’apprêtait à attaquer le groupe, un arbre se brisa et assomma le monstre terrassé.

L'orateur et le muet


Ils se regardaient tous en faisant des signes discrets avec les doigts. D'où venait ce type? Les mains se levaient et faisaient la trompette, le pouce fiché sur le nez, les doigts appuyant virtuellement sur des pistons. L’autre imitait les cors du cerf, les pouces sur les tempes, les doigts en éventails. Des sons sortaient, sonores, de manière aléatoire et se répercutaient en écho sur le flanc des montagnes. Le type continuait, dithyrambique cette fois, sur les bienfaits de la montagne :
« Le bol d’air pur, qui gonfle les poumons et siffle par le nez, les muscles bandés qui chauffent les cuisses et activent la circulation, la couleur pure et tendre des pins et des glands qui ravit l’œil. Le chant du loup qui hurle au loin son tohu-bohu, le vent qui chatouille la nuque et les oreilles. La colonne vertébrale frissonnante sous le chaud froid de la transpiration et des neiges éternelles. Le goût acidulé dans la bouche des bonbons à la chlorophylle, le crépuscule obscurcissant le paysage,…» Paf ! Le type se prit une branche en plein visage. Ce qui ne manqua pas d’amuser les randonneurs qui ouvraient des bouches hilarantes, sans qu’aucun rire ne sorte, qui se mettaient la main sur le ventre, comme pliés en deux. Le type reprit ses esprits et devisa sur la force de la nature, quand Paf ! Une autre branche lui claqua une bonne gifle, ce qui ne manqua pas de ranimer le groupe en mouvements joyeux. Le type, la main caressant sa joue, se remit à déblatérer sur les comiques de répétition, quand, une oie sauvage se déchargea sur le coin de son œil, peignant la moitié du visage du type d’un ton blanc opaque. Re-mouvement de foule, ondulante et muette. Le type se mit à regarder de son seul œil ses compagnons de voyage et comprit enfin à qu’il avait à faire. Il se tue cette fois-ci, déposa son sac à dos par terre et se mit à grimper sur un conifère aux multiples branches Escalier. Il se posta au sommet et reproduisit le cri d’une chouette. Le groupe observa béat et des sons de chouettes sortirent miraculeusement de leur bouche.

3 temps

Le temps passé : la pâle estime : la Palestine

La Blague


Galbe agave à la glue bavarde dans mon bagage léger et large tel un Caravage blafard




Chevelure Flamboyante


Chevelure flamboyante, elle semble légèrement corpulente, joues rondes, sourire malicieux, yeux mutins. Lui, apaisé, rêveur. Visage fin portant une étoffe dorée. Adrien est tombé dans un piège, et s’est laissé entraîner dans cette auberge mal famée, dans une partie de cartes, qu’il est sûr de perdre. Son adversaire a profité de sa naïveté pour verser un puissant psychotrope dans son verre. Il est à la merci de son adversaire peu recommandé. Celui-ci lui a dérobé tout son argent et ses bijoux. Adrien se réveille groggy, il met quelques minutes à comprendre ce qui vient de se passer, la panique l’envahit soudain.

Sur le ton d'un Caravage


La bouche ravalée de la vieille femme semble aspirer tout son visage marbré de rides, un labyrinthe s’est formé sur sa peau et mène tout droit à l’antre buccal, édenté, absence de gencive, de langue, un trou noir qui attire le visage dans son néant. Elle ravale sa peur, son inquiétude, ses muqueuses se sont rétractées dans son cou et finissent stockées dans la gorge formant un cloître où baignent ses cordes vocales, sa glotte, ses non-dits, ses errances, le lourd secret qu’elle porte. Et pourtant il reste de la place, son regard brille et capte, intense, la jeunesse de sa maîtresse. Une peau lisse, des pommettes rebondies, un nez franc, des yeux sombres qui s’assurent une destinée assumée, un regard en coin à l’affût de l’inabordable, intriguée, mais sereine, malgré les ivrognes qui occupent à présent la pièce, certains sont affalés dans une posture indécente, les cuisses ouvertes, l’autre saisissant son entrejambe, un autre la face appuyée sur un tas de cartes pégueuses, la salive coulant sur la Dame de cœur. D’aucun se lève et titube vers les deux femmes comme en proie à un mirage et se désarticule, tombant au sol dans un fracas, qui ranime le géant. Immense tenancier du bar, pourtant parti si loin dans son sommeil. Quand il ouvre ses yeux mesquins sous une broussaille sourcilleuse, ses yeux perçants fixent les femmes comme un loup. Il ne voit pas le reflet de la lame que tient la jeune femme, qui s’est retrouvée là, justement pour lui, Goliath, orné d’une couronne de cheveux crépus gras, qui grouillent de vermine. Il sourit le monstre, sa bouche s’ouvre sur une dentition noire, ce qui fait réagir la vieille femme. Elle s’amuse de ce spectacle hideux qui lui renvoie son propre écho. Le coup est parti net, brisant l’air d’onde lumineuse, le sang jaillit de la fente béante, un poing corpulent s’élance dans l’air comme sonnant le glas de son propre trépas. La jeune femme, le visage moucheté de sang, quitté la pièce imperturbable, la vieille femme ricanant dans son dos.