vendredi 9 décembre 2022

Histoire d'une rencontre : 1000 ans plus tard

 Il faut vous dire que je vis aujourd’hui à Marseille dans cette cité sous-marine de l’ancien Sud-Est de la France, pays où ne surnagent aujourd’hui que quelques lieux montagneux : Alpes, Pyrénées et un peu de Massif Central. Tout le reste du pays est devenu sous-marin. Mais la technologie ayant bien fait les choses, nos anatomies et physiologies s’étant adaptées, nous y vivons en parfaite adaptation.

Ce matin-là, après une bonne nuit passée dans ma couche-aquarium, je m’en vais rejoindre un guide au Parc Borely pour visiter ce lieu qu’on appelait autrefois « La Roseraie » et qui est maintenant un magnifique jardin de coraux. J’y suis accueilli par un petit homme vert qui a rejoint notre planète il y de cela 500 ans, en provenance de Mars. Nous sommes en mai et l’éclairage dernier cri fait briller de mille feux de magnifiques massifs de corail.

Cet être extra-terrestre s’est parfaitement adapté à la condition mi-aquatique, mi-aérienne qui est désormais notre lot à tous. Il a importé sur notre planète des particules de matière martienne qui grâce à une méthode maintenant bien au point, s’incrustent miraculeusement dans ces champs de rochers pour constituer un paysage fabuleux.

Nous passons de bons moments à échanger à l’aide de nos branchies respectives, ces nouveaux organes hybrides nous permettant de respirer mais aussi de communiquer. Elles sont le fruit d’une adaptation qui n’en finit pas de nous épater. Cet être me fascine vraiment par sa connaissance de notre histoire qui lui permet non seulement de me parler d’un moine bouddhiste amateur de rose que de me décrire un film du XXème siècle qu’il a découvert avec curiosité. Il fait ainsi le rapprochement entre ce magnifique corail écarlate et une rose pourpre imaginée par un cinéaste de l’époque nommé Allen. Non, vraiment, il m’en bouche un coin !


Histoire d'une rencontre : 10 ans après

 es amis m’ont vraiment poussé pour aller rencontrer ce guide marseillais pour une visite de la Roseraie du Parc Borely. En effet, cela fait quelques années que je n’y mets plus les pieds car je n’y retrouve plus l’ambiance où j’ai appris à faire du vélo dans mon enfance.

J’ai affaire à un bonhomme dans le style berger barbu qui m’accueille avec son air bourru :

- « Eh bien cher monsieur, vous m’avez bien fait attendre ! »

- « Désolé, j’ai eu une petite panne de réveil ce matin… »

Nous commençons la visite, précédés par un flot de touristes qui font un boucan de tous les diables en se faisant des selfies presque au milieu des massifs. Ça commence bien ! Le guide annonce des noms de roses plus incompréhensibles les uns que les autres ; il semble se faire un malin plaisir avec tous ces noms latins qui ne m’apportent pas grand-chose. Il fait ressortir de cette visite la « Rose Nacrée » d’Inde qu’un moine bouddhiste a cru bon de ramener de son pays dans les années 1930 pour le bien des générations à venir. J’y reste pour ma part plutôt indifférent malgré une odeur qui me prend à la gorge.

Et ainsi de suite, il égrène toute une litanie d’anecdotes plus ou moins crédibles sur quelques spécimens. Ce bonhomme est vraiment très loufoque… Il insiste sur une rose écarlate qui aurait selon lui inspiré à Woody Allen son film « La Rose pourpre du Caire ». Et ainsi à l’avenant, il raconte un peu n’importe quoi.

Quand il a fini, il me regarde avec un grand sourire un peu béat. Finalement, je le quitte en me disant que j’aurais mieux fait de rester couché !

Histoire d'une Rencontre

En ce dimanche matin, je viens jouer au touriste à la Roseraie du parc Borely. J’ai rendez-vous avec un marseillais qui propose une visite de la Roseraie, cet endroit du parc si cher aux yeux des marseillais.

L’homme que je retrouve à l’entrée de la Roseraie est un être jovial et original coiffé d’un beau chapeau vert, dans le style Robin de Bois. Nous sommes en mai, les fleurs resplendissent et exhalent des odeurs douces et suaves qui créent une ambiance enivrante. Ce guide est une véritable encyclopédie qui connait les noms latins de chaque fleur, mais est aussi capable de raconter une anecdote sur une bonne série de fleurs.

Il y a par exemple l’histoire des roses nacrées d’Inde ramenées au siècle dernier par un moine bouddhiste disciple de Shiva, venu méditer dans la région marseillaise dans les années 30. Il a réussi à les rapporter en bateau et en a fait don à la société horticole marseillaise. Ces roses sont magnifiques et je reste en émoi face à leur beauté et leur odeur délicieuse tout en imaginant ce moine décrit avec conviction par mon guide. Et ainsi de suite, en plus d’une heure j’ai droit à de beaux récits sur différents spécimens de roses presque plus belles les unes que les autres.

Il a terminé son exposé par une magnifique rose pourpre venue d’Egypte. Selon lui, elle aurait inspiré Woody Allen pour l’un de ses films les plus célèbres. Il m’explique tout un faisceau de lien entre cette rose et ce film, mais je finis par me perdre dans ce labyrinthe d’évènements s’emboitant les uns aux autres….

Avant de terminer cette visite très décoiffante, j’aurais bien aimé savoir si tout cela est bien sérieux, mais finalement je n’ose pas lui poser la question. 

vendredi 2 décembre 2022

Carine caquète

La cocotte de Carine caquète. COT, COT ! Sa concoction couleur kaki cocotte. KUF, KUF ! La coqueluche de sa coloc est coriace. COUGH, COUGH ! Cachée sous la couette, elle hoquète. HOK, HOK ! Pour retrouver de l’air, se retourne sans cesse ! SLASH, SLASH ! S’impatiente, interpelle son intendante. CARIIIIIINE ! Elle supplie, elle appelle, bêle … BEEH, du sel ! Les côtes de sa cage thoracique se contractent, encore et encore. COUGH, COUGH, COUGH. Elle tente de crier, mais reste cadenassée. Carine ne comprend plus ce que crie sa coloc, elle court. Sa coloc crache. Sa coloc croasse. Sa coloc s’écroule.

Phrases de diction

Carine a la cocotte qui caquète près du cagibi, ça cuit. Sa concoction couleur kaki cocotte pour calmer la coqueluche de sa coloc qui hoquète et s’écroule sous la couette.

Plusieurs poules perchées pavanent en chapeau et picorent sur la promenade des pizzas au pepperoni avant de partir plonger pour pécher des éponges.

Il pleut, l'eau s'infiltre de Laurence par Maeva

J’éponge, j’éponge, j’éponge, rien n’y fait. J’essore, j’essore, j’essore, ça s’écoule, ça pénètre, ça persiste. Il pleut chez moi. Chez moi, il pleut ! Je tente d’essuyer les murs, les sols, les plaintes, les joints, les meubles. L’eau est partout. Il pleut fort. Je dois trouver une solution. Après trois grandes inspirations, trois grandes expirations, j’entame le minutieux travail. Je sors des récipients et récupère l’eau qui tombe maintenant en grelots. Je regarde glisser les billes d’eau et les laisse s’écraser dans les bols. Il pleut des trombes ! Mon apaisement paie, je déploie une énergie à nul pareil pour tenter de récupérer l’eau qui ruisselle sur les murs. Je jette chaque bol plein par la fenêtre avec une douce satisfaction. L’eau monte. D’un calme olympien, j’observe les ruisseaux qui dévalent le mur comme des rideaux et assiste au délitement de celui-ci. Le plâtre s’écaille doucement comme on écale un œuf. Le bruit de l’eau m’apaise. L’eau monte tranquillement. Il parait que les bains froids sont un remède pour le corps. Je me sens portée par l’eau. Je suis comme une enfant qui fait la planche, enroulée dans un duveteux nuage de silence. Je n’entends plus l’écoulement de l’eau. Relaxé, mon corps s’abandonne et je contemple mon plafond que je touche presque du bout du nez maintenant.

vendredi 11 novembre 2022

La poule au chapeau de Bernard par Vincent

La poule au chapeau frétillant, furibarde et sautillante, échappe au pire, sans rite, ni écharde, en se sauvant à toute patte, dans un style panique. Elle calme sa vie, d'un trop pleins d'émois, envolée dans les airs, elle échappe au danger et à la peur, et dans sa lente descente, s'endort sereinement, dans un presque oubli d'un solide souci, raccourci par sa fuite : Elle frémit de coolitude...

Le Cagibi de Romain par Bernard

Quel atterrissage catastrophique et douloureux pour cette éponge et ce chapeau projetés violemment dans ce cagibi par deux ados sans vergogne pour s’y écraser définitivement. Ce lieu jadis choyé par Jeanne et Charles était devenu une cage de chaleur remplie d’objets gisant ça et là, mêlés à de vieilles peluches et des jeux…Dans leur lente perte de connaissance, ils baignent maintenant dans leurs souvenirs d’antan, vivant dans un état second leur agonie dans ce lieu où ils se revoient rangés avec bienveillance. Leur vie aura été courte, mais le souvenir de cette époque bienheureuse demeure le plus fort.

La poule au chapeau

La poule au chapeau frétillant partie promener, voit peu à peu les buissons frissonner au bord du chemin, comme chantant un petit air qu’elle ne connait pas. Poursuivant sa foulée au rythme de cette musique, elle la sent qui s’accélère et s’amplifie… Tout à coup, une ombre surgit derrière elle lui donnant juste le temps d’apercevoir un loup menaçant qui s’approche dangereusement. Elle met alors les bouchées doubles pour prendre ses pattes à son cou et s’enfuir… Puis, apercevant un trou dans les fourrés, elle s’y faufile habilement pour se retrouver tombant dans un précipice… C’est alors que son chapeau frétillant se gonfle pour faire parachute, la sauvant ainsi d’une situation bien délicate.

 

Dictions poulette

Pauvre poule ampoulée partie en promenade dans un cagibi

Un loup farfelu file éponger son bain et promener sa pizza

Dommage pour la poule au chapeau farfelu frétillant, le loup part promener 

La poule partie avec sa coqueluche, le loup éponge

dimanche 23 octobre 2022

Lutin du matin

Le lustre des farfelus est effarant, à bien des égards, dès qu'on prend garde à la promenade, des ménades, où le lutin du matin, jette l'éponge du bain, sporadiquement, sur l'épaisse pizza importée d'Ibiza, avec une torsion de thé ampoulé. Le loup de la maison est la coqueluche du cagibi, ou gît le chapeau en peau de chat, truffé de plume de poule. Dommage de partir en hommage à la patrie.


Un tel équipage de Ida par Josiane

Pas de dommages pour la coqueluche et ses acolytes. Figue, loup, pizza, chapeau, comme un seul homme, crawlèrent dans la baie sous les bravos des touristes qui n’avaient jamais vu un tel équipage. Ils plongèrent, nagèrent, s’ébrouèrent avec la tranquillité un peu arrogante de ceux qui l’ont échappée belle.

Mal leur eu pris. A leur retour, le cagibi souriant et la maison apaisée avaient convolés en noces plus ou moins justes mais en tout cas, s’étaient envolées vers une lune de miel caribéenne.

De telle sorte que nos protagonistes ne trouvèrent à leur tour que la praire fleurie de boutons d’or.

Figue, Loup, pizza, chapeau, coqueluche, tous déconfits resserrent leurs liens pour se tenir chaud. L’union fait la force dit-on. Ainsi donc, le loup chapeauté tenant contre lui la figue et la pizza, un peu écrasées, se présenta à l’hospice de nuit. L’asile lui fut heureusement accordé. Seule, la coqueluche, à son grand désespoir, fut refoulée à l’extérieur, l’on se demande pourquoi.

Les farfelus de Vincent par Laurence

Le lustre des farfelus est un vrai aimant, dans le phare de la Lune en ébullition tellement elle est rousse, et suinte et chauffe et renvoie le reflet irradiant du soleil, qui explose de l’autre côté de la terre. Elle pétarade la Lune, et les farfelues sont devenus de vrais fakirs à jongler avec les étincelles foudroyant de la grande rousse, qui tient un bar à coups de tonnerre, elle asperge le guetteur qui voulait juste se désaltérer. Brûlures au 3ème degré nocturne, qui font des noceurs de vraies torches humaines, ils s’en foutent de brûler sur le bitume, sans thunes. Ils n’iront pas loin se fondant dans l’asphalte comme de l’encre qui se déverse sur une feuille de papier buvard qui absorbe bulle après bulle, les petites billes d’encres, qui s’étirent et s’enfoncent nonchalamment avec tendresse et timidité. D’abord un orteil pour toucher le feuillet, y tester la texture, y chercher une brèche. Un douillet alvéolé accueille ce doigt curieux, qui vient effleurer puis appuyer lentement, puis appuyer sûrement sur la surface cotonneuse qui s’ouvre et laisse un passage délicat et accueillant, un nuage buvant d’une fine langue la goutte d’encre qui en plus de l’orteil, y pénétrer le pied, la malléole, la cheville, l’arrière du genou, le genou, la jambe. La goutte d’encre est assise, les jambes dans du coton, prêt à se laisser tomber, la chute lente d’une plume dans l’oreiller. Sous un ciel aux lueurs pâles. Des couleurs frustes mais jolies quand même. Malgré l’usure du temps qui s’écoule seconde par seconde dans les frusques des farfelus noceurs, tels des Russes roulés dans la poudre de nez à l’avoine, ou des rouges de Prusses bercés dans la ouate remplie d’un talc enveloppant et sécurisant.

 

 

Le lustre des farfelus

Le lustre des farfelus était atterrant dans le phare de la lune brune, ou dans le bar de la dune, brûlent nocturne, les noceurs sans thunes, dans des lueurs de couleurs frustes coulées dans leurs frusques tels des Russes roulés et des rouges de Prusse.

La toux toxique

De sa toux toxique et tonitruante, la poule ampoulée polluait le cagibi. Or, dans ce lieu resserré ; la poule avait une coloc qui soliloquait car elle répétait un quatrain qu’elle devait déclamer au théâtre des coqs et coquecigrues réunis. La poule toussait, l’actrice réprobatrice répétait. Le vacarme farfelu énerva le locataire de la maison, un loueur un peu relou qui téléphona à qui de droit. Poule et actrice en vinrent aux mains dans le véhicule des pandores pantois ;

La galette au gruau

La Poule ampoulée polluait le cagibi de sa toux toxique et tonitruante. Elle avait rendez-vous avec le loup louangeur libidineux qui l’attira subrepticement au loin, où l’on badinait bras dessus bras dessous et brossant besogneusement tout un chacun grâce aux éponges spongieuses. La coqueluche du gallinacé s’en trouva galantement guérie comme si elle avait gobé une galette au gruau.

Il pleut, l'eau s'infiltre

Il pleut tellement que l’eau s’infiltre, j’éponge avec mes pompons géniaux ultra-absorbants. La pluie tombe drue, j’éponge avec mes pompons géniaux ultra-absorbant qui n’absorbent plus. La pluie tombe drue comme des grelots en fusion. Soleil couchant. Les grêlons tapent, la fenêtre claque, j’éponge en ponçant avec rage le carrelage qui s’effrite. La pluie tombe en trombe et arrose la cuisine, j’éponge de mes pompons plus du tout géniaux, plus du tout ultra-absorbant m’évertuant à frotter et poncer le sol, qui disparaît sous la déferlante. L’eau monte, l’eau rentre. Je suis dans un piège à pigeons, je m’évertue et j’éponge les murs qui se délitent, les poinçonnant pour m’assurer de laisser ma trace. L’eau monte, l’eau rentre, il ne reste plus qu’un filet d’air. J’éponge le plafond de mes pompons absolument pas géniaux, ni ultra-absorbant, l’eau m’assaille, prise au piège à pigeons, l’éponge dans la bouche, je bouche le dernier trou de mon feutre anti-poinçonnant.

Diction à bâtons rompus

J’éponge pompons géniaux ponçant un piège à pigeons poinçonnant

·       Qui coqueluche à cachous, chargée d’acheter cent choux à la chaude sauce

·       Fafelu faiseur d’affreuses vésicules farceuses à saveur de cercueil chèvrefeuille

·       Gît celle dans le cagibi, guibolles agiles gagnant gage et giboulée

·       Dom le mage, dommage ajouré sur sa charrette carrée, rage tant de donner

·       Un bain alpin perlimpinpin, banni des bancs et des barbus pèlerins

·       Promenade nomade, marmelade au val, marron mollasse

mercredi 10 août 2022

Monsieur vous m’entendez ?

 J’étais ce matin au volant de ma voiture et je roulais en direction de mon travail alors

que la rue était déserte… Je suis tout à coup dépassé par une voiture avec une

sirène qui me coupe la route et s’arrête brusquement devant moi. Des hommes en

blouses blanches en sortent et viennent rapidement vers moi.

Je vais devoir les suivre car selon eux le café que j’ai bu ce matin au bar était

composé de grains frelatés qui peuvent entraîner un arrêt du cœur. Ils doivent me

récupérer et m’emmener dans un hôpital pour y être examiné de toute urgence.

Mon cœur, parait-il, peut s’arrêter de battre à tout moment.

Le film de mon étape matutinale dans le bar me revient alors à l’esprit. Tout semblait

normal dans ce petit arrêt que je respecte chaque matin. Le patron Gaston avait sa

bonne humeur joviale habituelle et les clients étaient tous des habitués qui comme

moi ont leur place réservée dans ce petit troquet de l’Estaque.

Alors que je suis allongé dans ce convoi qui a repris sa route toute sirène dehors, je

repense à cet épisode de mon enfance où je m’étais cassé la jambe dans un saut un

peu trop « périlleux » en cours de gym. L’ambulance qui m’emmenait à l’hôpital

retentissait de la même sonnerie stridente accompagnant une course de vitesse où le

chauffeur prenait toutes les autorisations pour rouler sur la voie opposée en contre-

sens. Mon cœur palpitait très fort… alors qu’aujourd’hui dans ce véhicule je me sens

physiquement très calme, comme si je m’éloignais de ma vie habituelle…

Ce ressenti contrasté avec cet élément de mon enfance me fait penser à ma récente

déconvenue en découvrant qu’on m’avait caché les conséquences possibles d’un mal

dont je souffrais depuis quelques mois : une légère surdité n’ayant apparemment

aucune origine physique. Selon le médecin consulté, seule mon imagination pouvait

être à l’origine de ce symptôme et pouvait s’expliquer par une perte de repères.

Alors que je me suis un peu assoupi dans ce camion qui n’en finit pas de rouler, les

personnes présentes autour de moi semblent prises d’une nouvelle fébrilité et je

perçois des bribes de conversation qui laissent entendre que mon cœur s’est arrêté

de battre. Tout cela ne m’inquiète pas car de mon côté je me sens très calme et tous

ces soignants me paraissent bien stressés !

L’un des infirmiers s’adresse à moi maintenant en me disant : « Monsieur vous

m’entendez ? ». J’ai les yeux bien ouverts, je le vois et l’entends mais aucun son ne

sort de ma bouche. Je ressens une complète immobilité de tout mon corps.


Que se passe-t-il donc dans cet habitacle où je suis entré dans un état qui était alors

des plus normal ? J’ai l’impression d’être victime d’une machination, d’une action

intentée à mon encontre pour me placer dans un état de légume…

J’ai perdu conscience pendant ce qui m’a paru durer quelques secondes et je me

retrouve maintenant dans une salle qui semble être celle d’un hôpital.

Mon « réveil » est des plus difficiles. Je me retrouve attaché sur un lit et je crie

« Détachez-moi, je vais très bien ! » … sans effet sur les personnes qui m’entourent.

Après quelques minutes d’agitation, je sens que je me calme peu à peu. Quelqu’un

me relève alors la tête pour me faire boire une potion accompagnée de deux gélules

à avaler.

Peu à peu, je réalise que j’ai dû faire une rechute, me retrouvant à nouveau dans un

hôpital psychiatrique en lutte avec mes visions schizophréniques. Pour moi, la vie

reste un éternel recommencement…

dimanche 7 août 2022

Des bestioles dans les jambes

J'ai des petites contrariétés dans les jambes. Cela m'arrive surtout quand je suis allongée. C’est comme des picotements. Finalement, je les aime bien ces grésillements dans mes mollets. Ils m'accompagnent même dans mon endormissement.

Ce soir, ils sont particulièrement présents, en lieu et place de fourmis, on dirait des mille-pattes tellement ils fourmillent. J'ai envie de me gratter mais je résiste, je tapote ma jambe gauche contre les bords du sommier. J'ai l'impression de les écraser. Ça m'a fait du bien. Je suis dans un pseudo sommeil, trop enkylosée sous mes draps à fleurs pour poser ma main et voir s'il y a des invertébrés dans mon lit. Le sommeil a toujours était un sacrement pour moi. Trouver un moyen de dormir, un petit rituel de nuit comme pour les bébés. Mettre une musique douce ou une symphonie ou des préludes pour apaiser les sens. Et quand je suis courageuse je peux prendre un livre et reposer mes yeux et ma concentration sur des lignes de caractères noirs qui souvent se résument à une succession de mots auxquels mon cerveau ne donne aucun sens. On dirait une petite ligne de fourmis noires. 

Si je n'ai ni livres ni musique de nuit, j'ai comme un élan de panique, de trou-noir dans lequel mes jambes s'engouffrent et me font tomber sans filets, sans point d'accroche.

Petite fille j'avais vécu ce sentiment soudain de disparition alors que je marchais sur le trottoir à un mètre de ma maman, car maman était très prudente avec moi. C'est alors que tout mon poids du corps céda sous une plaque d'égout. J'avais littéralement disparu. Le vide sous mes pieds, la pesanteur, le noir, la disparition de maman et l'apparition de sangsues qui s'étaient collées à mes jambes comme autant de ventouses pour me retenir engluée dans ces eaux noires. Maman avait cru à un coup monté de mon père qui connaissait très bien les égouts de Paris, pour travailler dans les catacombes et avec qui elle était en froid pour des histoires d'adultes que je ne comprenais pas alors. Moi, j’aimais trop ma maman, alors que mon père s'en aille cela m’arrangeait bien. J'avais ma maman pour moi toute seule ; D'ailleurs je n'ai plus eu de nouvelles de lui depuis. Maman avait tellement eu peur qu'on avait déménagé en Andalousie, là où les chaleurs tropicales font rage. Enfin jamais, sauf qu'il y a 3 jours, je suis allée me promener à Los Arcornocale, une des dernières jungles tropicales d'Europe. Quand j'ai cru le voir parmi les employés du parc.

Mon père possède une caractéristique physique unique : sa peau porte des scaries marron noires comme des écailles sur les avant-bras et les mollets. Je suis sûr que c'était lui.

ça me gratte encore, ça ce n'est plus des picotements, mais bien des démangeaisons je ne devrais pourtant pas avoir de problèmes d'endormissement dans cette chambre qui sent le frais, la menthe et l'oranger. Mamie a mis des moustiquaires à toutes les fenêtres, de fait les odeurs du verger et de la garrigue emplissent la maison.

Ma chambre donne côté nord, avec deux pans de murs souterrains, j'ai le frais de la terre et les effluves du dehors. Ah ! ces jambes ! Elles vont me laisser tranquille ! J'ai vraiment besoin de dormir. C'est insoutenable. Qu'est ce qui m'arrive ? Je tape encore contre le bois du lit. J’aurais vraiment des bestioles sur les jambes ? J'ai l'impression de revivre le supplice des sangsues ! Dor- mir, dor-mir. Allez ma main ankylosée, allez ! il faut en avoir le coeur net. Je me contorsionne sous les draps et passe une main sur ma jambe. C'est quoi ce truc ? rugueux ! poisseux ! Vite ! allumer la lumière ! Interrupteur ! ces interrupteurs à l'ancienne qui grésillent quand on les actionne. Une masse noire se déplace soudain derrière le rideau de la chambre. Un mirage ? Je rêve ? Y-a-t-il quelqu'un ? C'est quoi ? c'est qui ? Je m'assieds sur le lit, un drap fleuri et printanier laisse dépasser une jambe noire et irritée. Je n’ose découvrir mon autre jambe que j'ai épargné de coups dans le coin du lit. Un détail sur le dans le mur de la chambre attire mon regard. Un trou, une galerie souterraine d’où défilent des cancrelats, des araignées et des blattes, droit dans mon lit. Je hurle à la mort ce qui fait vibrer et osciller la ligne d'insectes noires, je soulève déterminée mes draps et mon autre jambe fourmille de ces bestioles. J'écrase le tout sous couvert de fleurs, de roses et de bleuets qui se tachent de noir comme quand j'étais petite et que j'étêtais les parterres de fleurs du jardin à l'aide d'un bâton. Ça faisait crier maman et rire papa. Encouragé par tant de réaction, je m'employais à piétiner les fleurs qui se coloraient de terre. Je visais aussi les escargots et les fourmis selon la saison. Me voilà donc à reproduire ces épisodes sans que personne ne soit là pour s'affoler. Je me lève et tire le rideau. Papa n'est évidemment pas là. Quant à maman c'est encore la veillée funèbre dans sa chambre.

J’enfile mes coulants opaques qui cachent cette caractéristique physique que maman a toujours eu en horreur car elles lui rappelaient trop papa. J'apprendrai plus tard que maman avait manigancé ma chute dans les égouts pour justifier l'état de mes jambes. Depuis la mort de maman, papas n'a jamais voulu me revoir.

samedi 6 août 2022

Une famille quelconque

Une famille quelconque heureuse d'être britannique et qui pense que le monde, tourne autour de la perfide Albion. Consommateurs parfaits, apte à vivre de croyances impériales et d'un cérémonial commercial, certifié d'un décorum british usuel, donnant à leur conscience suffisante, la manifestation de leur toute puissance.

Sur des mots de Laurence

J’observe cette grande pièce nue du Palais des Congrès dans laquelle ne subsistent plus que les deux chaises où avaient eu lieu les premiers interrogatoires des suspects dans cette affaire…

Il s’agissait à l’origine d’organiser des jeux stupides en réunion où les participants choisissaient tour à tour une personne présente pour y jouer le rôle du souffre-douleur ou du bouffon, selon un tirage au sort préalable…

Cela avait mal tourné. Un grand manitou à la tête de nain de jardin avait proposé une danse nuptiale et une femme avait été désignée pour être la victime expiatoire du groupe. Cette femme, véritable diamant noir, était accusée d’être à l’origine de cette odeur poisseuse comme un vermouth renversé. Dès le début de la danse, le charme de la belle opéra, puis tout à coup le son de la détonation fut aussi bref et la jeune femme s’écroula comme victime d’une attaque. Le groupe s’assura très vite que le cœur de la femme avait cessé de battre. Les pompiers arrivés très vite ne purent que constater le décès. La police, elle, entama l’enquête au sujet de cette mort bien mystérieuse.

Sur des mots de Magali

Il est là passif, à ravaler la souffrance de la rupture, lui ai-je fait peur ? quand il l’avait vue avec cet inconnu au parc, il n’avait pas pu se contrôler. Elle aimait fumer dans l’herbe, lui aussi. Il avait frappé le sol avec sa canne en bois. Paf ! Traitresse ! De la musique lui sifflait dans les oreilles. Une musique de western, une musique de vengeance. Paf !  Lui ai-je fait peur ? Elle a l’air surprise, elle siffle un air de saloon. Paf ! Lui ai-je fait peur ? Elle recule, se contorsionne, prend l’allure d’un python royal, les yeux hypnotiques. Cette femme aime se transformer. Elle ondule et se réfugie dans un buisson du parc. Lui ai-je fait peur ? Paf ! Elle s’en moque et rit.


Homme seul dans la pénombre (vu par Laurence)

Il était là dans la pénombre. Puissant, intense, un diamant noir. Un regard hypnotique, une fine bouche sensuelle et énigmatique. Oh le bel ourlet sous la barbe épaisse. Je me cache pour ne pas qu’il me voit, j’ai une folle envie de l’étreindre, de l’embrasser, de respirer tout son être. Même cette odeur poisseuse, comme un vermouth renversé, un bidon d’essence prêt à flamber, ne fait que réveiller mes sens.

Mon tendre et cher, serait-il un assassin ?

J’ai bien vu, qu’il observait en retrait le duo à plumes qui s’accouplait, dans une danse nuptiale. Deux gros oiseaux blancs au long duvet, à l’envergure identique. Deux siamois, deux albatros qui s’entrelacent. Son œil pétillait en les voyant. J’ai ramassé au sol des lunettes infrarouges. Comme il était excitant de le voir sous des traits bleutés, qui dessinaient sur son visage une expression toute nouvelle pour moi ; celle de la satisfaction de celui qui s’apprête à faire, celle de l’extase avant l’action, celle de l’excitation retenue pour assurer la beauté de geste. Qu’allait-il faire mon bien aimé Ah !

Le son de la détonation fut aussi bref que le frottement du phosphore de l’allumette sur son grattoir. Les deux volatiles s’enflamment dans un feu d’artifice chorégraphié et symétrique.

Homme seul dans la pénombre

Entrant dans cette salle, je suis frappé par l’obscurité qui y règne et la présence de cet homme entre deux âges apparaissant dans un clair-obscur, bien isolé. Son visage à moitié éclairé semble baigner dans le mystère.

Seul, avec cette présence à quelques mètres, je suis assailli par le doute car cela ne correspond pas à la réunion que j’étais censé rejoindre en cette soirée d’avril pour y réaliser des photos pour un casting… Par réflexe, je prends une photo de ce personnage qui semble autant surpris que moi, puis bredouille quelques mots d’excuse et referme rapidement la porte derrière moi.

Puis, une fois séparé de lui, j’essaie de calmer en moi une forme de peur qui m’a saisi dans ce huis clos. Il y régnait outre cette obscurité une forte humidité accompagnée d’une odeur fétide que j’ai interprétée comme l’arrivée d’un évènement insolite ayant pu provoquer une forme d’absence chez cet être semblant venu de nulle part.

Mon cerveau se met alors à imaginer différents scénarios ayant pu aboutir à cette présence. Peut-être cet homme est-il venu pour faire un constat sur un incident domestique survenu dans le bâtiment comme une fuite d’eau par exemple… Mais cela pourrait bien être un évènement plus grave comme une bagarre ayant mal tourné… La peur ressentie face à son expression de surprise ne m’a pas permis d’en savoir plus en essayant d’échanger avec lui.

 ///

Pour en voir le cœur net, je décide de revenir dans la pièce et j’ai alors la surprise d’apercevoir au fond de la salle maintenant éclairée deux êtres entre clowns et poètes qui semblent répéter des exercices d’acrobaties sous un échafaudage. Le tableau est magnifique et l’homme aperçu précédemment a disparu. Je reste bouche bée en admiration devant cette scène de joie légère et d’envol vers un ailleurs. Je ne peux m’empêcher d’assister à ce spectacle qu’ils jouent tous deux comme des personnages de cirque en pleine harmonie.

Quel peut être le lien avec la scène d’origine de cet homme seul ? Peut-être est-ce tout simplement le metteur en scène sur le point d’assister à cette répétition en costumes pour bien percevoir le rendu de cette scène dans son spectacle.

Balayant d’un regard rapide l’ensemble de la pièce, je devine dans un coin dans la pénombre une présence silencieuse qui semble conforter mon interprétation. Il ne me reste plus qu’à profiter du spectacle et attendre la fin pour en savoir plus…


Festival Off

Avignon, théâtre du jour. Je suis accueilli par le doute. Est-ce du Molière ou du Racine ? Je suspend mon jugement.
Les exercices d'acrobaties stylistiques ont d'antiques traditions. Je donne dans une cour sans miracle. Trop d'oracles ont péroré, prendre au sérieux une prédiction, est une ineptie d'empire. Le monde qui vient est vieux.

La salle de classe

Ouah, quel contraste dans cette salle ! L’intervenante y fait un exposé sur le Royaume d’Islande et ses curieuses habitudes en matière de sexualité dans les hautes sphères de la Cour au siècle dernier. Cette belle femme d‘âge mûr brandit un grand compas en plastique comme pour illustrer son angle de vue particulier sur ce sujet scabreux.

En bon paparazzi, je la prends en photo dans cette position à la fois imposante mais assortie pourtant d’un regard désespéré face à l’attitude de son auditoire. En effet, à l’autre bout de la pièce, ces derniers réunis en groupe se marrent en prenant pour certains des photos au flash, comme pour garder un souvenir de cet instant délicieux.

Rient-ils de la conférencière semblant se prendre au sérieux ou profitent-ils pour étaler leur joie suite à des échanges scabreux entre eux ? J’en arrive à penser que le sujet exposé a fait naître chez eux des souvenirs qui semblent aller bien au-delà des aventures de la couronne d’Islande.

Bernard

Le Bouffon du Roi

Stupeur ! Pris en défaut ! C’est qui ces deux abrutis ! Et qu’est-ce qu’il fout à poil ce connard ? Deux têtes de buses, à mon avis c’est un jeu stupide. Il y en a un qui est plus connard que l’autre et qui se fait mener par le bout du poil du cul, qu’il a épais.

Un Président et son souffre-douleur, son bouffon, son fou du roi. La pièce est imprégnée d’odeur corporelle de bites, de poils, de pets, de transpiration musquée. Un air d’euphorie et d’emprise aussi. Ils ont dû pousser le bouchon jusqu’au fond de l’anus, voir si l’autre pignouffe se défroquerait. Le pseudo-président avait trop une gueule de benêt pour être capable d’imaginer un jeu pervers, juste l’humiliation de le mettre tout nu lui suffisait. Un Ministre et son alternant ? ça peut aller jusque-là, la politique. C’est une soif de pouvoir, une soif de lèche-les-bottes crottées d’une merde molle et collante de l’autre, quoiqu’il avait l’air dégoûté l’autre pignouffe, larbin de mes deux, d’être à oilpé.

Mais je crois me souvenir avoir vu un autre type en arrière-plan. Je ferme les yeux et je me concentre, c’est bien un gars portant un bonnet rouge et un livre à la main que j’ai vu. Le grand Manitou à la tête de nain de jardin ! Un jeu à trois. Les politiques, ça a toujours un marionnettiste dans le dos. Ça se voyait bien qu’il n’y avait aucune connivence sexuelle entre le costumé et l’enculé de déculotté. Un remake de la Révolution ? Bonnet frégien, sans-culotte, noble à la redingote et au verbe haut. L’autre gueule de Cousteau qui tient les manettes du Politicien. Le manipulateur manipulé ; l’arroseur-arrosé. Donc, le politicien s’adonnait aux plaisirs sadiques d’asservir son fieffé humilié alors que lui-même était sur commande. Voilà ce que j’ai vu.

 

dimanche 29 mai 2022

En plein travaux - SLAM

Des travaux, des marteaux, des piqueurs, des empoisonneurs.

Je veux passer, mais je peux pas, j'y vais quand même mais je peux toujours pas.

C'est bouché, j'avais pas vu, je force la voie.

Il n'entend pas. Le bruit s'accroît, j'ai besoin d'un porte-voix.

J'en peux plus de cette vie-là, chaque fois ça tombe sur moi.

J'ai toujours la main de Fatima avec moi, mais ça ne m'aide pas.

D'autres arrivent derrière moi, le monde s'accumule et qu'est ce qui se passe si je recule ?

On est coincé, on s'est emprisonné sans réfléchir, sans calcul.

Le chef de chantier arrive, agacé d'avoir été sorti de sa bulle.

Je suis le premier du rang des tubercules. C'est pour ma pomme, les aboiements, les gestes ridicules.

J’ai beau montré que j’y peux rien, que tout le monde m’accule.

Il n’en a rien à cirer et joue des mandibules.

J’ai beau crier, pousser des pieds, je prends un coup dans la vésicule.

Je n'en peux plus de cette vie-là, chaque fois ça tombe sur moi.

La civière, le tocsin, les râleurs, tout à la fois.

C'est parti pour une virée derrière une baie vitrée,

J'ai fini à l'hôpital et du haut de mon lit, alitée,

Je surplombe moribonde la place des Vosges en plein travaux, c'est le comble !

 

grincheux genou gauche

 Guy gribouille grenouilles, gargouilles, gorilles.

Grands garçons guillerets gravent gaiement gonds, grillages, gratuitement.

Grabuges ! Algorithmes gazeux grondent gamins grognons, gavroches, genoux gris.

Agiles Angelots règnent allègrement, feignant agressivité, regardant Aglaé, galvanisée,  agir gredinement, agaçant Guy, aspergeant Gaëtan. 

Goûter gardé gentiment gagne garçons, garnements. Grignoter goulument garantit agitation désobligée.

Rageux gosses grelottant dégagent dédaigneux Gripsous.

Guinguette, gâteux engoncés, gaminerie dégoûtante, Grand Gargamelle. Rigolo Géronimo !

 

 

Il est tard (M)

Le ciel perd sens, quand vient le soir, dépravant et navrant, plus d'avant, que de l'après, de l'à peu prés, pour peupler, les pensées que j'ai, dans des jets de peurs. Les abeilles n'ont que du fiel, et les souvenirs, sont des soubresauts, de sottises. Les corneilles du square sont des squales silencieux, cessant leur envolées. Le soleil perdu n'atteint plus le zénith, c'est un zeste de bougie, qui noircit en un instant. Les gens du coin, figurent de pâlots passants, narrant des histoires tristes, dans leur pas lent. Les cœurs n'ont plus de sœurs, et les cieux sont partis. Les nuages ont des airs d'anges déchus, les trottoirs traînent des chants de ruisseau, la terre n'a plus de beauté antique, juste des nuées de poussières. La courtoisie n'a plus de lettre, et la noblesse n'est qu'un blason de sensations blasées. Le tournoi des chevaliers est fini, depuis grandes lurettes, les troubadours chagrinent place des fontaines. Nul ne cueille la fleur blanche et jaune, ça détonne en saison sèche, la foule n'a que la raison pour pousser dans la haine, la ronde des idiots, continue sa fougue, dans une drogue d'exaltations.

G Ginette

 « Grosse galette », Grégoire gavait Ginette, garce ingénue, grossièrement.

« Gros gogo, gare au gorille», s’égosillait Ginette gênée, gorgée de graines grasses et de germes grattant sa gorge, gironde, galvanisée…

Grégoire, gaiement, gardait son geste généreux, garantissant l’agonie à Ginette.

samedi 28 mai 2022

Orage (sans TO)

 Le crépuscule s’achève quand le ciel s’embrase d’éclairs. Je me sens mal, surpris face à l’arrivée de l’averse ainsi éclairée dans ce cadre de fin de paix.

Il y a des cercles de lumière dans le ciel, un arbre se plie pressé par un air démesuré qui se déplace dans un excès de vie débridée. J’ai peur… que vais-je devenir ?

Déluge (P O)

Accablé, la tête entravée par ma casquette vissée qui déverse tant et tant d’eau sur ma veste en cuir délavée, mes chaussures fines, deux enclumes. Chaque avancée est une tannée ; Mes yeux tirés s'écarquillent et cherchent la lumière dans cette nuit visqueuse, affreuse, venteuse, balayant les âmes des hêtres et des frênes sans ménagement. Amen, Inch Allah, Namaste, aucun élan religieux ne vient m'aider. J'ai beau crier, aucun abri dans le champ de vue. Réduit, refuge, rien ; rien ne vient. Je me suis restreint à ce malheur, de l'eau jusque dans la carcasse, je me mets sur le ventre, à même la terre argileuse, et avale l’air et la glaise qui se réchauffe entre mes dents. J'attends la fin du déluge.

Santé (lipogramme T)

Je ne sais par où commencer dans ce domaine qui nous donne à parler du bien et du mal pour ce qui concerne nos corps, nos humeurs, nos âmes…

En ce qui me concerne, je me suis considéré comme bien dans mon corps dans l’ensemble de ma vie, mais depuis l’arrivée de ma décennie en cours, la sixième, je commence à vivre des jours avec quelques menus bobos ou gênes. Cela me pénalise peu ou prou dans ma façon de vivre ou dans les menus bonheurs que j’y approchais jadis.

Enfin, pour l’avenir, j’aimerai découvrir des moyens agréables de mener une vie normale sans accorder à cela une prépondérance démesurée.

Sans Paix (lipogramme P)

Courir, la tête comme un ballon, aucun recoin n'est accessible. Mon cerveau bouillonne et ne me donne aucun moment de recueillement. Se ressaisir quand tout est noir, gris, mouillé, inaudible, même mon sang se fait la malle et dévale mes artères à gros bouillons. J'ai le teint rouge, les bras rouges, le ventre rouge, le cœur froid et l'âme aux enfers. Courir c'est s’aérer, chercher du frais ; du froid ; du bon ; du bien. Redescendre à une chaleur ambiante, constante, reconnaissable.

Ecrevisse à roulettes, des badauds s’écartent devant moi, la cavalerie montée derrière moi me talonne ; J'ai renversé un gamin dans ma course ce qui me crée davantage de stress. Au secours ! à l'aide ! Je vais m'arrêter, calmer le jeu mais une force invisible me malmène et ronge mes sens. Avaler de l'air, de l'eau, du sucre, du lait, des calmants, de la verveine au tilleul menthe. Un bon valium ; de l'oxygène et mes globules blancs auraient le vent dans le dos. Vite m'arrêter et sans bouger, retrouver le calme.

La Belle & La Bête chez L'Esthéticienne

 -   Si, ma bête ! Je n'en peux plus de tes poils 

  Tu vois la Belle, je suis ici pour essayer de m’améliorer.

-        -    Je connais ta ruse, tu vas manigancer un jeu de séduction avec l’esthéticienne pour échapper à ton sort.

-         - Tu lis admirablement bien dans mes yeux, mais tu peux comprendre que j’ai besoin de tenter ma chance.

-         -  Scélérat ! tu oses me provoquer ! Dans quelques minutes, tu riras moins. Regarde ce qui t'attend. Laisse-toi faire ! Je te prends juste une touffe sur ta joue.

-         -  Aie, tu me fais mal ! Tu exagères, c’était juste une boutade ; l’esthéticienne c’est un entrainement avant de tenter ma chance auprès de toi… Mais maintenant, que faire ?

-         -   Grrr…. T'es bien trop mielleux pour une bête. Tu n'es qu'un chaton !  Un douillet ! Miaule encore et je te pique. Je veux t'entendre rugir !

-          - Tu me connais mal, un chaton moi ? Tu veux me voir rugir… mais dans ce cas, ne t’étonne pas si tu as très bientôt le corps couvert de griffes !

-         -  Un plan SM ? Tu t'améliores…. Bon, ben en plus de l’épilation, on va faire la manucure…

-         -  Oh, je n’y avais pas pensé ! Je croyais que tu penchais pour le lion au naturel. Mais si tu préfères la sophistication, je commande tout de suite le plan « Spécial tranchant ».

-          - Miaou, miaou ! Tu vas pas faire de mal à ta petite chatte ! Déjà recouvre un aspect à peu près humain pour m’emmener au restaurant et au spectacle. On verra plus tard pour le grand jeu !

-          - Bon, finalement ma première idée était la bonne : me faire beau et venir sur ton terrain pour courir le « tout Marseille » avec toi. On verra plus tard pour le retour au naturel…