mercredi 4 mars 2020

Céladon, votre artiste dévoué

Bella Stella,

Je ne vous ai point oublié mamours, la couleur de votre âme, marque la mienne à jamais, je ne sais cependant quand nous pourrons nous revoir, car il y a belles lurettes que j'ai passé la montagne rousse, et que toujours par monts et par vaux, on me demande par tous pays, afin d'accomplir magnificences rupestres et des tableaux mirifiques, que les grands nobles me commandent. 
Gardez à l'esprit, que quelques soient, les faiblesses de votre prince de mari, on lui doit notre rencontre par son désir de son portrait, qu'il a eu le bon choix de me demander.
Je suis flatté, que votre cœur soit vif de notre amour, cependant ayez esprit à garder raison, car je ne sais à quelle saison, on pourra se revoir.
La passion de l'art qui m'anime vous fera apparaître ici et là, dans quelques foules d'une passion du christ, dans toutes les églises d'Italie où ma main manie le pinceau...

Céladon, votre artiste dévoué

lundi 2 mars 2020

Lettre d'Amour

Chère Sarah,

Me voici à Tombouctou, où tout est beau. Depuis trois mois, que je suis ici, tout me fait penser à toi, le brouhaha de la foule, les aboiements des chiens, le piétinement des chevaux, le vol des corbeaux...
J'ai quitté Vesoul et sa musique, pour me rendre compte, que loin de toi, je suis un apatride; j'étais déjà amoureux de toi, à l'époque de l'école, mais je ne le savais pas, il me faut le voyage, de toute une vie d'adulte pour me défaire de l'abrutissement consternant de la société !
A la recherche d'or, de trésor, me voilà rendu à ma misère sentimentale, j'ai beau parlé huit langues, c'est la tienne qui me manque le plus...
Habillé en chamelier, j'ai l'impression de convoyer, toutes les imbécillités de nos vieilles cités. Je me souviens de nos jeudis, quand la fanfare municipale défilait dans son ronronnement de Trafalgar et que tu riais de l'autre côté de la rue, où ta blondeur me fascinait.
Tu me manques terriblement, je dors peu et sors de ma torpeur, quand un rêve farouche m'assaille de ta présence.
Tu peux te demander, comment en tant d'années, j'ai pu passer à coté de toi, sans avoir déclaré ma flamme, c'est qu'il me manquait au charbon de mon âme, le mal du pays qui a ton visage...
Comment se fait-il que depuis que j'ai quitté l'Europe et ses oripeaux, je t'ai tant dans la peau, je ne me l'explique pas, mon coeur est fétide, depuis que j'ai amorcé mon expédition et il me faut être au Sahel, pour voir le sel qui manque à ma vie, j'ai tout le temps pensé à toi Sarah, alors, que je traversé un bout du Sahara, et les touaregs avaient le bleu de tes yeux.
Je finis cette lettre, en disant :  je t'aime, à la lumière d'une lampe à pétrole et dans une nuée de sarabande de moustiques qui me perturbent l'acoustique.

Vladimir, au corps solide de conquistador, mais au coeur gonflé d'absences.

dimanche 1 mars 2020

Tombouctou


Tombouctou, la ville universitaire et spirituelle, je ne suis pas étonnée que cela vous ait rapproché de nous. Je me souviens très bien de vous. Déjà à l’écart, à observer le monde de votre point de vue, celui du coin de la salle de classe. Vous vous êtes donc terré dans le tréfonds subsaharien, à chevaucher des chameaux, à manger des dattes et apprécier les couchers du soleil dans le désert. Ce désert qui recouvre petit à petit Tombouctou, si dense en histoire. Savez-vous qu’à l’époque de Jules Verne, les Européens qui se lançaient dans la découverte de la ville, finissaient tous égorgés, sauf un. Un Français qui s’était accoutré comme un autochtone et s’était fait passer pour un musulman. C’est peut-être un de vos ancêtres ? Vous avez hérité de sa verve. Votre lettre m’a profondément touchée, quelle poésie dans votre bouche, quel aveu direct et sincère. Notre amour d’enfance avait gardé au chaud cette petite flamme, que je couvais dans mon for intérieur et aujourd’hui, vous venez de la raviver. Je n’ai jamais été à Tombouctou et un petit reportage sur la vie de ses expatriés plaira à mon rédacteur en chef. Je me prépare à vous rejoindre, en espérant que votre amour sera toujours aussi mordant à nos retrouvailles. Inch’allah. Sarah

Copains d'avant


Heureuse de vous lire, après tant d’années qui nous séparent. Je dois avouer que j’ai eu du mal à vous resituer. N’étiez-vous pas le petit chétif boutonneux qui sentait fort la sueur ? Je crois même me rappeler d’une main moite et d’une lèvre molle. Je n’oserais imaginer l’adulte que vous êtes devenu. Chevauchant votre chameau, à cheval entre deux lourdes mamelles. Vous savez que j’ai pris des formes très cher, qui sauraient vous mettre en émoi. Un teint mate de Touareg, une musculature sèche et velue, mais devriez-vous être bedonnant, cela ne m’effraierait guère. La chair, qu’on peut agripper, modeler, palper, presser, a également ses charmes. Je pense que vous ne me contredirez pas. Avez-vous goûté aux délices des coutumes locales ? J’ai voyagé à ma manière en restant dans mon fief de cœur et je vous dicterai d’autres usages dont vous ne soupçonnez pas l’existence. Ma bouche vous attend, ma couche moelleuse, mon toucher précis. Venez découvrir mes envies. Pour nos retrouvailles, je vous promets un medley de premier choix. Nous parlerons d’argent à notre deuxième entrevue, que je jure que vous réclamerez dans les plus brefs délais. Aux plaisirs à venir. Sarah

Réponse de Dieu


Cher humain n° 1 million 67 E
Merci pour ta lettre.
Même si je vois tout, je suis omniscient et omniprésent,
Je sais ce que tu fais à chaque instant,
J'en apprends un peu plus sur les humains tous les jours.
La vie est difficile dans le Grand Ouest, au-delà de la Frontière.
Je suis heureux de pouvoir t'aider à traverser ces épreuves.
En échange tu m'aides à mieux comprendre l'humanité.
Grâce à ta dévotion, je parviendrai à construire un monde meilleur.
Reste-moi fidèle, tu ne le regretteras pas ; ne t'égare pas et tu me retrouveras.
Signé :
Dieu
Chargé de mission pour Puissance Divine
Puissance Divine, SARL anonyme au capital de ∞ puissance

Lettre d'Amour


La vie a ses écueils, qu’il s’agit d’affronter. Las, dans mon fauteuil à bascule, je me laisse bercer dans la torpeur du soir. Un soir, où tu m’offres ton cœur chaud, qui scintille dans son coucher sur la plaine. Je t’aime. Tu me ravies de ces tendres tableaux simples et somptueux à la fois. Tu m’as ravi mon être tout entier. Partout je te vois, je sens présence. Tu es constamment blotti dans mon ventre, présent à tous mes regards et même si je ferme les yeux, c’est toi encore que je vois, que je sens, qui m’envahit et m’enveloppe de ta chaleur. Inépuisable source d’amour, je te cherche dans toutes choses du quotidien. Tu es là, bien là avec moi, dans une présence permanente et éternelle. L’éternel bonheur de te savoir près de moi. J’ai la gorge qui se serre quand mes élans me reprennent et que je veux te toucher, t’embrasser, t’enlacer, te serrer le plus fort qu’il m’est possible, d’imprégner tout mon être, de m’imprégner de toi, dans une main que je serre, une épaule qui m’accueille. Ta présence physique est une cruelle demande de tout mon être, je souffre et lutte contre ces pulsions de caresses, qui ne sont pas réalisables. Impalpable être cher, pour lequel mon amour est sans borne. Je te parle de mon cœur et mon corps te réclame. Je dois me reprendre et accepter la force de ton amour dans une sphère supérieure, abandonner le physique, chercher l’amour spirituel, me gorger de tes tendres caresses, ton doux soutien, de la suave liqueur qui coule dans mes veines. Comme je t’aime, je t’aime, je t’aime. Reste avec moi, ne quitte pas ce lien indéfectible qui me maintient en vie. 
Voilà l’horizon qui rosit, le bleu du ciel qui noircit, la rosée qui se pose sur les planches de ma terrasse. Une boule de paille passe. C’est le signe que je dois aller me coucher et rêver de toi. Je t’attends dans mon rêve.

Monsieur Castagnier


Cher Monsieur Castagnier,
C’est avec beaucoup de peine que j'ai appris votre incarcération suite à votre procès perdu en appel à la cour d'Aix-en-Provence. Je ne citerai pas ici les accusations infâmes dont vous faîtes l'objet. J'ai suivi assidûment, avec passion et horreur, le déroulement de votre procès. Le fait que vous ayez assuré vous-même votre défense ne vous a rendu que plus héroïque. Il est évident que les jurés étaient aveugles, insensibles et corrompus pour condamner un homme d'une aussi grande valeur. De toute évidence ils n'ont pas su différencier l'homme du ministre !
Vous avez brillamment fait votre entrée en politique auprès d'un jeune candidat que vous avez soutenu de toute votre splendide âme durant son mandat présidentiel avant de rejoindre, chez vous, le nouveau maire de Marseille (quel dommage que son mandat ait été interrompu par l'explosion d'une bombe artisanale à base d'huile pimentée à l'hôtel du département...).
Je me suis engagé en 2030 dans le parti que vous avez ensuite fondé. J'ai tracté, marché, milité, manifesté.
J'ai communiqué, rédigé, imprimé, débattu, discuté, défendu, convaincu... et tout cela pour un seul homme : Christophe.
En 2036, lors de votre arrestation pour - j'ose à peine le dire - association de malfaiteurs, j'ai hurlé au scandale. J'ai tenté de convaincre le pays tout entier que vous n'aviez aucun lien avec la mafia locale, que vous n'aviez jamais ni argent ni armes ni sable ni burrata. Beaucoup de de compagnons nous ont lâchés mais moi je ne vous quitterai jamais. Même la justice, liguée contre le grand banditisme, ne nous séparera pas. On pourrait découvrir une prostituée morte dans le placard de votre salle de bain que je ne vous laisserais pas tomber !
Car Monsieur Castagnier, je vous aime et vous admire. En tant qu'homme et qu'ancien ministre. J'ai foi en vous : dès que vous serez relâché, lavé de tout soupçon, votre peine purgée, blanc comme neige, vous pourrez renaître de vos cendres et redevenir ce monument politique que vous avez été. Je sais que vous saurez regagner la confiance des électeurs. La mafia, ça ne fait plus peur et c'est bien plus élégant que le détournement de fonds.
Vous pouvez compter sur moi, mon amour inconditionnel vous guidera vers la sortie. Je jure de vous écrire chaque jour à la prison de Notre-Dame-des-Landes (et dire que vous l'avez faite construire vous-
même...) jusqu'à ce que de nos échanges émerge le nouveau Christophe. Je suis sûr que Françoise Nyssen sera très intéressée par ces lettres, puis il n'y aura plus qu'à attendre que Netflix en fasse une série.
Signé :
A. G., votre futur directeur de campagne