samedi 27 avril 2019

Prendre la lumière

Alexandrie ta bibliothèque est en cendre, et Cassandre cassante ne consent pas à lire, elle a huit ans aujourd'hui et elle attend sa cassonade. Boulevard de l'empire, derrière le musée des archives, dans une arrière cour, elle court à perdre haleine, dans les flaques. Il est une heure où la lumière grise filtrée par les nuages, s'allonge sur la ville. Le pays prend soir, le ciel étend son drapé. La fille énervée s'évade dans les flaques. La mère à l'étage est au ménage. Cassandre dans ses sandales, joue. Elle admire l'eau. Il a plu, on entend la rue. Des gens s'apostrophent. Le jour s'éteint. La rue est bougonne. Cassandre passe le temps. L'air est frais. Des ânes hihanent  au loin. Une brume se lève vers la lune. La mère, au salon, dispose des sucreries. Des chiens aboient dans l'épaisseur d'un quartier. La fille, rêveuse pousse ses yeux sur la surface d'un flaque, captive, elle y prend une lumière.

jeudi 11 avril 2019

Cassandre La Douce


Cassandre la douce, aux yeux cendrés, à la tonsure d’or, cache un secret, qui brille dans ses yeux. 
Une petite flamme toute chaude, incandescente dans la nuit, apparaît sous sa peau fine. Elle se déplace, cette flamme, couvée sous son ventre, elle gravite vers le cœur, le cou, la joue. Elle fait la moue à l’intérieur des pommettes et vient, flamboyante, éclairer de mille feux ses yeux de chienne élégante, de braque de Weimar.
Une chienne aux yeux d’or, qui réchauffe les morts, qui allume les passés-pour-mort, qui adoucit les mange-tes-morts. Un simple regard et les pires des goguenards, des viandards, des tocards, fondent de douceur sous le feu de la chienne. Sa niche dans la villa Médicis n’a pas besoin de chauffage, n’a pas besoin de bougeoir. Il est là son secret, tapi à l’intérieur, une lumière fumante, charmante, ardente. Qui l’approche, s’éclaire et se réchauffe.


Ripaille d'asperges

Ils étaient là, autour de la table, pour fêter dignement la saison des asperges. Il y en avait de toutes sortes, asperges en vinaigrette, en gratin, en sauce. Les soldats avaient bien mérité un bon repas, ils avaient gagné une grande bataille aujourd’hui !
Le repas dura près de cinq heures, mêlant saucisses à la cassolette et asperges en tout genre.
Le lendemain, après ce bon repas, tous se réveillèrent mal en point, leurs ventres grinçaient, gargouillaient, tiraient.
Il ne faut pas abuser des bonnes choses, à nous rendre malade.

Cassandre sur un air de Lettre à Elise


C’est l’histoire d’une jeune fille qui s’appelait Cassandre
Elle était belle, elle était blonde, elle avait de grands yeux bleus,
Qui brillaient de mille feux
Et bien que tout lui souriait,
Elle avait caché au fond d’elle, des secrets inavoués.


Sur un air de la 5ème Symphonie de Beethoven


Une bouche qui s’ouvre. Des yeux qui brillent.
Un moelleux au cœur fondant d’or et caramel
Une merveille à croquer aussi fine qu’une dentelle.
Montre-la du doigt, attrape-la, elle est à moi ! Donne-la moi !

Nenni Nenni ! Jamais de la vie !
Des petits pas qui court et court, tourne et retourne
Des doigts tendus, gentils crochets qui essaient d’attraper.
La sœur aboie, elle se pourlèche les doigts, elle chante pour soi.

La cadette craque mais ne se braque, elle change d’attaque.
Elle se fait frêle, elle s’apitoie, peut-être qu’ainsi, elle l’aura.

Mythe de tantale. Moelleux tournoie
au-dessus de son nez, autour des yeux, frôle sa bouche
Amendes torréfiées, caramel coulant et Tatatsan
La salive pend, la bouche se tord, c’est la menace qui croit.

Donne-la moi ! Tu ne l’auras pas !
Fais les gros yeux, montre les dents, sourcils en pointe
Coup de pied bas, tirage de cheveux, gifle éclatante.

Lac du Cygne


Pied de nez, dents avancées, pointe à pitre,
Sautillons les postillons, courrouçons les mamelons, 
Avocatiers alignés pour une découpe à la coupe du cœur, un noyau en fleurs.
Juste amitié qui jouxte l’âme débridée.
Une sauterelle qui grince des ailes à l’approche du croche-pied du sempiternel lavandier, occupé à chasser les abeilles et à écraser les scorpions. 
Unissons au diapason de son empreinte dans la terre, fossiles de sauterelles, aux ailes veinées, à la fibre cassante, aux pattes à crochets d’archer.



Berceuse


Viens, viens que je t’attrape petite canaille,
Tu ne fais que des bêtises, tu sautes, tu cries, tu fais trop de bruit.
Viens, viens que je te console, doucement dans mes bras,
Tu verras comme c’est agréable de se laisser rêver.
Tu pourras te réchauffer, tu n’auras plus peur, plus jamais froid,
Tu seras heureux, libre, et plein de joie.
Malgré la mélancolie qui t’entoure.
Reste près de moi, mon amour.