jeudi 10 juin 2021

Il est venu, il est parti

Il est venu, il est parti, avec des pas de danses et des idées arrêtées, une majesté de mouvements, et une fois le spectacle fini, une fuite éperdue. Il aurait voulu s'élever, mais n'était qu'un terrien, qu'un rien abattait, avec une folie d'exister lugubrement obstinée. Une fois la parade accomplie, le temps perdu n'est plus qu'un clou dans le cœur, courir dans tous les sens comme un poulet sans tête, pour que le pouls bat sans trêves, on y laisse bien des plumes et toute la santé.

Eloge de la Constance

Je peindrai ici l’image d’un trait de caractère trop peu souvent interrogé, au même titre que la capacité à être optimiste en toute occasion où à contrario l'utilisation de la rébellion systématique comme carapace.

C’est une caractéristique qui définit la personnalité et la singularité de chacun. Tout être humain l'embrasse à sa manière, parce que toute histoire de vie nous y confronte, que la littérature l'encense autant que s'en méfie là où la psychologie en fait un art qui peut fleurter avec la faiblesse.

C'est une manière d'être au monde qui s'acquiert à force d'éducation, d'encouragement, de compréhension de la réalité, de l'apprentissage de la temporalité, de la confiance en soi, de la capacité à rêver puis se projeter dans un avenir possible. Elle est indispensable à notre développement et nous est vendue à coup de vénération du courage, de la persévérance, d'éloge de la constance. Comment rejeter cette proposition à être, conditionnelle de la réussite, du vivre ensemble, d'une force intérieure indestructible. Elle est utile et nécessaire, comme le balai à la sorcière, les étoiles à la lune, l'horizon à l'océan, le contraste à la lumière, l'attente au désir, la sensualité à l'amour, l'Autre au Je. Son intensité est infinie, mais sa pratique peut passer du chuintement, du presque invisible à l'énormité, à l'incroyable, l'incompréhensible, que chacun perçoit en solitude.

Ce n’est point l'humeur trop spontanée et irréfléchie dont la variabilité cache pourtant si peu le qui on est, Ce n’est point l'attente qui peut enfermer l'action comme se prosterner devant Sainte procrastination. C’est davantage une sorte de lenteur où tous les sens sont en éveil. Temps suspendu où le doute que les étoiles filantes du passé éclairent, s'invite plus ou moins violemment.

La nourriture : c'est essentiel.  La sagesse, l'expérience, la confiance accordée au vivant et à ses semblables, le désir, le sens donnée aux situations et aux relations, la conscience des limites et des possibles sont les ingrédients de base. Si tout est réuni, si les doses sont respectées, cette manière d’être au monde l’aime pour l'ouverture qu'elle lui offre, pour la découverte d'inattendue, de plaisirs insoupçonnés, mais aussi pour ne plus rester dans la salle d'attente sans but, dans la soumission.

Si je vous présente ce modèle, avouez-le, c’est qu’au-delà du piédestal sur lequel notre éducation occidentale l'a mise, la démesure peut la transformer en poison. La force qu'elle contient, de limitante peut devenir faiblesse si elle nous mène à la résignation. C'est une qualité qui se décline au quotidien et permet d'ouvrir toutes les portes de l'introspection autant que des croyances, des capacités à s’engager pour aboutir. La regarder vivre en moi, éveille toujours en premier lieu, de l'exaspération, du risque de renoncement, d'abandon, d'inaction, d'obstruction à la réalisation des rêves.

Je n’omets pas de vous conseiller d'aller y voir, d'enrichir votre capacité à avancer au quotidien, de comprendre comment vous utilisez la patience comme curseur à ETRE. Seule la démesure est son ennemie.

Quand elle rit

C’est une personne toute en fragilité. Peu farouche, il faut la protéger pour la conserver prés de soi sinon elle s’enfuit trop loin pour la rattraper. Frêle et capable de force, elle a bien voulu occuper le nid que j'ai mis en place au printemps. Le bois d'à côté lui sert de réserve à ses pensées les plus secrètes auxquelles personnes n’accède mais sa trajectoire pour revenir est toujours la même. Alors je l’attends patiemment de crainte de l’effrayer par trop d’empressement et par timidité aussi. Chargée de doutes dans les premières semaines, elle nourrit aujourd’hui notre potentiel avenir, enfin j’y songe et j’ai envie d’y croire. Je la vois parfois arriver à toute allure sans prévenir ma trop grande proximité, puis dans cette retenue qui la soutient, elle me sourit, d’un sourire nouveau. Si je l’observe avec trop d’empressement, elle rougit et feint une attitude assurée pour s’atteler à une autre tâche loin de moi. Face à face, dans un reflet lumineux ou plus sombre, nous restons à portée du regard à essayer de mieux nous comprendre. Je sais qu'elle est là parce que ses yeux aujourd’hui soulignés de maquillage, s’expriment à travers un regard qui en dit long. Ce regard dans lequel elle se faufile. Et moi, je m’y plonge, par une grimace pour qu’elle parte, par un sourire pour qu’elle vive, m’accompagnant dans sa transformation, de corps et d’esprit. Elle me révèle cette féminité qui s’accomplit doucement mais surement. Quand elle rit, ce n’est point le chuintement du hérisson qui se faufile sous la haie comme autrefois, quand elle avance, ce n’est point la patiente tranquille de l'araignée qui tisse sa toile lorsque nous écoutions les conte du soir; c’est une femme qui résiste au temps qui passe, une enfant qui ne voulait pas grandir. Cette princesse devenant reine est une danseuse joyeuse, qui tisse aujourd’hui le nid avec précision de ses mains agiles. Infatigable, prudente, frêle et obstinée, elle conquit jour après jour mon corps et mon cœur. Elle consacre les moments de pause à l'entretien de ce que la vie lui offre.  Elle lisse et peigne soigneusement, démêlant ses terreurs nocturnes d’enfants au profit d’un désir naissant, un art millénaire. Sa voix tantôt autoritaire, tantôt caressante lui le donne ce ton particulier emplissant l'espace par petites ondes fines, régulières, distinctes. Elle devient femme, je deviens homme. Comme elle, je laisse l’enfance me quitter pour accueillir celui que je deviens à ses yeux. Cet hiver elle s’est nourrie de glaces et de bonbons, ce printemps, sa nourriture se veut plus masculine à la recherche de moi. Ce petit voisin d’à côté ne se ressemble plus d’ailleurs : elle m’aime surement puisqu'elle a élu domicile sur ma terrasse. Maintenant que ses rondeurs ont fait leur apparition, elle favorise un autre accès et le nourrit plus de regards que de rires en éclat que j’entendais encore hier. Pas encore le savoir-faire, plutôt l’intuition. Il faut que les hormones soient gavées de protéines pour pouvoir s'envoler bientôt et surtout apprennent vite à chasser et se nourrir par eux même. Travailleuse, obstinée, attentionnée ! si je vous présente ce modèle, avouez-le : vous avez envie de hausser les épaules, passer votre chemin, ce n'est qu'un petit oiseau du printemps que j'aurais si peu remarqué si je ne lui avais pas mis un gite à disposition. Moi, si déconnectée de la nature et de ce qui s'y joue, je reste subjuguée par ce manège éphémère mais que je pourrais reconvoquer chaque matin. Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été sollicitée, invitée à mettre les mains dans la terre, à observer et comprendre le monde, la chaleur. Alors je me laisse surprendre par cette rencontre qui ne date pas d’hier mais qui revêt d’autres apparats. Cette vie que j'observe à son insu n'attend rien de moi, si ce n’est une invitation. Elle est tout simplement et vient me rappeler que tout est permanence et fragilité, que la vie s'écoule que j'y prenne part ou pas. Grande leçon d'humilité et sourire du jour ! La nature et les petites mésanges bleues ne se trompent pas, le printemps est bien là ; et moi si souvent, très souvent et avec de plus en plus de jouissance à m'en rendre compte, à dédramatiser, ironiser puis refoncer tête baissée. Une autre permanence : trébucher, sauter de joie, se croire arrivée, regarder derrière, jouer à chien et chat, chat perché, s'envoler maintenant. Cette mésange si singulière n'a que sa robe bleue et jaune à la douceur d'un rêve, et son air inquiet qui la rend à la fois si accessible et inaccessible. Elle m'hypnotise un instant, comme un œil accroché à ce tableau que je découvre pour la première fois. Emotion sans cesse renouvelée et intacte à chaque fois qu’elle passe le pas de ma porte depuis le jour où nous devenons ceux que nous serons. Je n’omets pas que l'envol programmé de la nouvelle portée est synonyme de liberté. Et c’est avec la voisine d’à côté que j’ai envie de m’envoler.


Je pleure des étoiles

A contretemps, il pleut, je sors. Il fait chaud et sec, je me planque. Je suis un contemplatif, je sais apprécier les choses élémentaires. Qu’il est bon de prêter l’oreille au clapotis de l’eau, au croassement des grenouilles, au fourmillement des vers de terre ; d’observer de près les auréoles dans la flaque, la terre noire qui bouge sous le passage du lombric, les éclaboussures sur le bas des pantalons.

Tous mes sens sont aux aguets, un rayon de soleil arc-en-ciel, une feuille tournoie dans sa descente, l’odeur de l’humus et de l’herbe épinard, les relents de chlorophylle et de champignons des sous-bois. Si je sors et que je rencontre quelqu’un, je reste coi, je déploie mes récepteurs mais à la moindre menace, j’ai les entrailles qui se tordent, la mâchoire enclume, l’intérieur qui se retrousse. ‘’Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? »

Je peux gêner, il est vrai, j’ai la fâcheuse manie de tout observer. Je suis une éponge mouillée, qui ne cesse de se gorger à chaque passage et quand c’est le trop plein. Je pleure, je pleure des étoiles, ça brille et scintille, je l’appose sur la feuille, ça m’alimente et m’aimante. Je ne parle pas, mais je ne me tais pas pour autant, j’écris.


Le coq

Je peindrai ici l’image d’un oiseau et pas n’importe quel oiseau : un coq ! C’est une bête altière, le cou s’évasant en trompette et la queue coiffée de plumes hirsutes. Son corps vêtu de toutes couleurs porte des yeux ronds qui vous fixent avec fierté et hypnotisme. Sa petite tête ornée d’un chapeau de noblesse s’anime lorsque du fond de son gosier résonne sa célèbre cantate du matin. C’est alors, le regard fixant la dernière étoile, le torse bombé, qu’il pousse le son guttural que l’on reconnait entre tous.

Ce n’est point le colibri, léger et volatil qui disparait dans la canopée. Ce n’est point l’aigle royal planant tel un Dieu dans les cieux. C’est l’emblème de la France qui déploie ses ailes à 2 cm du sol, qui prône son autorité du haut de son perchoir, entouré de sa bassecour assouvie. Quand lui prend une envie de soumettre la poule, il se jette à la vitesse de l’éclair sans alternative et préliminaire. Inutile de faire la cour à sa cour. Sa séduction est tout acquise, sa majesté s’offre à son harem, sa première dame doit en percevoir l’honneur, ébouriffée par tant d’ardeur.

La nourriture : il l’aime. Du gros ver bien gras et gesticulant au grain de sable ou de blé, tout y passe. Son bec pointu et crochu attaque tel un bretteur à la garde saisissant d’une balestra ancestrale le moindre sujet à croquer. De ses ongles apprêtés pour l’usage, son agilité griffe le sol d’un geste vif dénichant des trésors insoupçonnés.

Il pourrait craindre le renard s’il le connaissait rusé mais ceux qui ont eu la malchance de le rencontrer ne sont plus là pour en témoigner. Alors il ne craint personne et saurait doubler de volume si un concurrent viendrait à se présenter. Il ne peut y avoir qu’un bellâtre dans le poulailler. Détesté dans les villes, si je vous présente ce modèle, avouez-le, c’est qu’il respire la campagne du haut de son royaume. Accepter le chant du coq au levé du jour un we chez grand-mère est le pire des cauchemars quand les klaxons ont fusé au feu rouge, en bas de la cage d’escalier et ce, chaque jour de la semaine. Paris veut du calme quand il s’en éloigne. Il mettrait volontiers son favoritisme sur les vaches si celles-ci ne s’encombraient de mouches. Je n’omets pas qu’il préférerait même le surgelé que de l’avoir dans son assiette, parce que c’est mieux pour la planète…

Le Panda

Je peindrai ici, l'image du panda. C'est une bête sage, massive, toute occupée à ramener à elle, les feuilles de bambou, unique objet de son insatiable faim, toujours broyant la juteuse verdure, sous ses mâchoires mastiquantes; ours des plantes, il déploie sa dentition dans les plantations sauvages : Ce n'est point la gesticulation de l'autruche dans ses courses fuyantes, ni la marée des troupeaux de bisons, flamboyante de poussière, ce n'est point aussi, le sous marinage hostile des crocodiles. Le geste méticuleux est là, il est la majesté de la dégustation, de sa fourrure, il est l'alpha et l'oméga du modèle digestif, la nourriture, il l'aime comme un Italien des spaghettis. Sa faim est esthétique, si je vous présente ce modèle, avouez-le, vous le verrez mieux, le panda est un gourmet végane qui paresse à loisir, jamais repu de repas dans ces coins verts et je n'omets pas qu'il est l’emblème des animaux en voie de disparition.  

La Mésange

Je peindrai ici l’image de la mésange. C’est une bête toute en fragilité. Peu farouche, il a fallu la protéger depuis plusieurs années pour la conserver dans nos paysages. A peine plus dodue qu'un moineau elle a bien voulue occuper le nichoir que j'ai mis en place au printemps. Le bois d'à-côté lui sert de garde à manger et sa trajectoire pour rejoindre le nid est toujours la même. Chargée de paille dans les premières semaines ou de nourriture actuellement pour nourrir sa portée, elle arrive à toute allure sans oublier d'identifier ma trop grande proximité. Si c'est le cas elle se pose en près du nid, observe et je ne sais selon quel critère termine sa mission ou rebrousse chemin pour se poser sur la première branche du bois voisin. Nous restons toutes deux à portée du regard. Je sais qu'elle est là parce qu'elle tapote du bec soit à l'intérieur du nid soit sur le perchoir en bordure du passage étroit dans lequel elle se faufile. Elle y pénètre toujours de la même manière en plongeant la tête la première et sa queue frétille avant que l'ensemble du corps soit englouti. Ce n’est point le chuintement du hérisson qui se faufile sous la haie, ce n’est point la patiente tranquille de l'araignée qui tisse sa toile ; c’est un travailleur insatiable au service de ses progénitures futures. Cette petite boule de plumes jaunes et bleues est une danseuse joyeuse, qui tisse le nid avec précision de son bec pince, aiguille et pilon tour à tour. Infatigable, prudente, frêle et obstinée, elle et son partenaire répètent ce ballet devant ma fenêtre inlassablement avec grâce. Acrobate surprenante et modèle de vivacité, elle s'accroche à ma haie dans des positions incroyables, tête bêche ou sur une branche si fine qu'elle ploie sous ces quelques grammes de plumes. Elle consacre les moments de pause à l'entretien de son plumage qu'elle lisse et peigne soigneusement reproduisant, comme pour la confection du nid, un art millénaire. Son chant bref, triolant lui ressemble, bref, joyeux, il envahie l'espace par petites ondes fines, régulières, distinctes. Cet hiver j'ai enrichi sa nourriture de boules grasses : elle l’aime surement puisqu'elle a élue domicile provisoire sur ma terrasse. Maintenant que les oisillons ont fait leur apparition elle favorise le vivant et ne les nourrit que de larves et chenilles. Encore le savoir-faire et la transmission. Il faut que les petits soient gavés de protéines pour pouvoir s'envoler bientôt et surtout apprennent vite à chasser et se nourrir par eux même. Travailleuse, obstinée, attentionnée !si je vous présente ce modèle, avouez-le : vous avez envie de hausser les épaules, passer votre chemin, ce n'est qu'un petit oiseau du printemps que j'aurais si peu remarqué si je ne lui avait pas mis un gite à disposition . Moi, si déconnectée de la nature et de ce qui s'y joue, je reste subjuguée par ce manège éphémère mais que je pourrais reconvoquer l'année prochaine. Aussi loin que je me souvienne, dans mon éducation je n'ai jamais été sollicitée, invitée à mettre les mains dans la terre, à observer et comprendre le monde animal. Alors je me laisse surprendre par cette rencontre.

Cette vie que j'observe à son insu n'attend rien de moi, elle est tout simplement et vient me rappeler que tout est permanence et fragilité, que la vie s'écoule que j'y prenne part ou pas. Grande leçon d'humilité et sourire du jour ! La nature et les petites mésanges bleues ne se trompent pas ; et moi si, souvent, très souvent et avec de plus en plus de jouissance à m'en rendre compte, à dédramatiser, ironiser puis refoncer tête baissée. Une autre permanence : trébucher, sauter de joie, se croire arrivée, regarder derrière, jouer à chien et chat, chat perché, s'envoler sans cesse. La mésange n'a ni goût, ni odorat, son instinct lui suffit, sa robe bleue et jaune a la douceur d'un rêve, son air inquiet la rend accessible. Son assiduité à accomplir sa mission, coûte que coûte m'hypnotise un instant, comme œil accroché à ce tableau que je découvre pour la n-ème fois. Emotion sans cesse renouvelée et intacte. Je n’omets pas que l'envol programmé de la nouvelle portée est synonyme de liberté.


La Souris

 Je peindrai ici l’image d’un petit animal de nos villes et de nos campagnes. Une Souris ! C’est une bête en ce qu’elle comporte 4 pattes, 2 yeux et 2 oreilles en qui les histoires lui donnent autant de bienveillance que d’animosité.

Son petit nez pointu où se perchent des moustaches telles des antennes lui donne l’allure d’un bolide profilé capable de se faufiler là où on ne s’imaginerait pas la voir paraître. Les portes ont beau être closes, malgré son apparence ventrue, cet animal doté d’abstraction, traverse les cloisons s’aplatissant comme une crêpe. Sa vélocité surprenante fait qu’on la craint malgré une corpulence des plus ridicules. Ses petites pattes comme des doigts lui donnent une sorte d’humanité lorsque tenue sur son train arrière, elle lève son museau pour nous regarder de plus près.

Ce n’est point le rat que l’on rend coupable de monstruosité sauf s’il est à l’opéra, Ce n’est point la taupe qui retourne, le temps d’une sieste, le potager amoureusement entretenu. Ceux-là on finit par les maudire de tous les maux,

C’est le livreur de petites surprises sous l’oreiller lorsqu’une dent vient à nous manquer, le confident de ses tristesses, dévoué à notre pauvre Cendrillon, la complicité de Bernard et Bianca dans leur péripétie rocambolesque, Mickey, Little stuart, Jerry, autant de héros qui ont bercé notre enfance. On la préfère, blanche ou marron, surtout pas noire et idéalement verte.

La nourriture : notre petite souris l’aime au point d’y perdre la tête dans la tapette dont la vélocité du mécanisme ne lui laisse que peu d’alternative. On se la figure gourmande et bedonnante sans pour autant entraver sa dextérité. On se demande d’ailleurs, lorsqu’on la surprend, comme elle a pu se retrouver au-dessus de l’armoire, de cette armoire voyez-vous ! Mon garde-manger... Aurait-elle le pouvoir de sa cousine ailée ?

Si je vous présente ce modèle, avouez-le, c’est qu’au-delà des histoires aussi mignonnes soient elles, hors de nos rêveries d’enfants, cette bête nous fait horreur sitôt qu’elle ose faire son logis dans notre logis !! Son don d’ubiquité par un jeu de multiplication d’elle-même en un temps record la condamne sans procès ,craignant les pires nichées que les petites crottes trahissent sans scrupule. Je n’omets pas de penser que si elle se mangeait, elle aurait un tout autre intérêt aux yeux de la noblesse que nous sommes !

L' Autruche

Je peindrai ici l’image de l’autruche. C’est une bête préhistorique, haut sur les cuisses, à tête télescopique et aux yeux ronds, sortant de leur orbite, flanqués de chaque côté d’un crâne chétif, déplumé comme un Chaussée au Moine. Une tête perchée, qui peut aussi bien se rétracter au fond d’un trou, pour se planquer, laissant à voir, sa croupe et son fion à plumes. Ce n’est point la dextérité du lézard, qui se faufile, discret, parfois tête en l’air à en perdre sa queue. Ce n’est point la sagesse du Cœlacanthe, qui se pose dans les fonds marins, observateur et passif. C’est un oiseau lourd qui se déplace sur talons aiguilles, tel un travelo à paillettes, faux cils et rouge à lèvre tapageur. La nourriture, il l’aime broyée, en grain, pour certains, et pour d’autres tordue, gluante, qui s’aspire comme des spaghettis, qu’on avale sans mâcher. Pas difficile, il gobe et graille le tout venant qu’il fait descendre dans son long œsophage et qui a tout son temps pour une digestion lente, dans les méandres de son gros corps pleins de boyaux.

Si je vous présence ce modèle, avouez-le, il a l’étrangeté de ce que la nature peut produire d’incohérent. Un oiseau au long cou, qui plante des choux, les pieds en éventails, le vent s’engouffrant dans le feuilleté volumineux du duvet et des plumes, qui ne servent pas à voler. Leur seule destination : Plumeaux à ménage. Je n’omets pas que ses œufs soient l’apanage des pontifes et émirs. Gros festin de jaunes et de blancs.