dimanche 27 janvier 2019

Le Jardin

Je reviens vers la terre, je survole de la verdure, atterri prés d'une rigole, une eau boueuse arrose le jardin. Un jardinier s'affaire prés d'un mûrier. Il sème des graines, qui sitôt le sol touché, se transforment en plantes déployées et fleuries d'un jaune croustillant. Cela fait, une nuée de scarabées dorés volettent autour dans une lourdeur saccadée et une zizanie de sons sortant des arbres, et l'eau déborde, alerte, de la rigole et baigne les nouvelles plantes aux fleurs jaunes. 
En quelques instants, le jardin entier baigne dans la boue, moi-même je m'enfonce dans ce débordement, vient alors un pélican qui se pose sur le mûrier. Il a un regard absent et une présence rassurante. Les pieds dans l'eau, j'ai la sensation d'être une plante. Le jardinier est contemplatif. L'eau tourbillonne avec une sonorité vive. Et des papillons noirs m'entourent : ils prennent ma tête pour une fleur. J'ai la sensation que ma tête est une fleur. J'ai l'impression d'être à l'écoute de la terre et que le ciel m'enveloppe. Je suis douché par l'air du vent et le soleil m'embrasse.

Rêve, Cauchemar, Réalité


Je ris. Je ris aux éclats, assise sur ma chaise, le soleil brûlant le sommet de mon crâne. Je bascule la tête en arrière, les dents offertes aux rayons lumineux, que m’offre ma pièce sans toit. Mes yeux, plissés par le rire, me laissent entrevoir un moineau sur le pan du mur brut. Il essaie de piailler plus fort que moi, je me mets à siffler comme lui. Mon moineau voyeur chante à tue-tête. Quand un chat vient bondir sur lui. Le moineau s’envole et le chat m’observe de son œil mystérieux. J’ai cessé de rire, je connais ce chat. J’ai conscience qu’il le sait, il vient m’avertir. Oui, je le remets, c’est le chat de mon papy, il rôdait dans la maison, comme une âme en peine, tandis que les gendarmes cherchaient papy, parti en errance sur la commande de son capitaine Alzheimer. Mon papy était un peu farfelu et j’avais toujours peur qu’il ne fasse de mauvaises rencontres. Des chatouilles viennent interrompre mon tête-à-tête avec le chat, je reprends mes rires de petite-fille, le buste plié en deux cette fois, je bascule vers l’avant, les larmes coulent sur le visage, tellement le rire est fou. Quand soudain, un claquement de porte interrompt ma joie. Silence. Faites entrer l’accusé.

Le gendarme vient détacher mes liens sur ma chaise, mes poignets ne sont plus que de deux os, alors que mes mains et mes bras sont rosés et potelés. Je cherche du regard de chat qui n’y est plus. Le soleil non plus d’ailleurs. Un grand coup de froid est tombé sur mes épaules. Le gendarme à des barbelés à la place du sourire et des barreaux à la place des yeux, et me montre de sa main, dont les doigts sont des fourchettes, la porte grande ouverte. Un souffle glacé vient m’enrouler la taille comme un ruban de chamallows et me tire vers le noir. La chute dure. Eternel battement de mes pieds palmés, de mes ailes sans plumes, de mon front en forme de visière pour faire résistance à l’air.
Réception sur une boule de mousse vert pomme. Je replis mes ailes, je ferme mon front, mes yeux s’allument sur deux ampoules, deux bulbes jaunes. J’ai la tête du chat. Heureusement pour moi, mes poils me protègent des branchages de la forêt. Une forêt faite de ronces, de lierres, de chauves-souris à l’envers, de corbeaux qui crissent, de jus de betteraves qui coule des arbres. Je m’avance à pas feutrés, poussée par les cris des damnés. Je suis chat et déploie mes petits coussinets pour amortir les blessures du sol, fait d’écorce, d’épines, de carapaces de cafards et de cerfs-volants. Je suis mon intuition de chat et le laisse me guider là où il sait aller. Je mâche quelques pattes d’araignée, j’avale quelques coléoptères, je régurgite un squelette de moineau et je vois dans la lorgnette de la forêt un peu de lumière, un rond de lumière, ou un œil m’observe de l’autre côté du monde. Je crois reconnaître l’œil de Papi.

Une geôle. Une femme ronde, aux joues couperosées est assise sur une chaise. Une camisole de force entrave ses mouvements. Seule sa tête bouge d’avant en arrière dans une crise de folie furieuse. Elle imite le cri des oiseaux. Vlan. La porte s’ouvre. Un homme en blanc, un tablier autour des hanches, apporte une assiette d’un vert tendre. Et vient lui donner à manger. Il passe autour de son cou, un long bavoir en tissu élastique. La jeune femme ouvre sa bouche en grand pour chaque becquetée que lui donne l’infirmier. Elle mange avec appétit et ingurgite avidement chaque coup de fourchette. Au menu, des épinards en branche, des dés de betteraves, des ailerons de poulet, dont elle recrache les petits os à même le sol, et pour finir, trois carrés de chocolat, qu’elle fait craquer dans sa bouche. La pièce pourtant isolée laisse résonner les cris des voisins de chambrée. Le repas terminé. L’infirmier passe un linge humide sur le visage de sa patiente et referme la porte. La jeune femme reste figée, un temps, le regard fixe vers le judas de la porte. De l’autre côté, son grand-père l’observe. Soupir.

vendredi 11 janvier 2019

Assassin des ombres


Assassin des ombres, il éclaire d’airain les sentiments niaiseux avec des cris mystiques et des critiques poétiques ce monde liquoreux. Il gravit les échelons dans la mappemonde des sorciers. Il rêvait d’automne lacustre et de pays Masque. Il fut amoureux d’un pinçon qu’il garda un grand temps dans une volière volante. Il grandit en petitesses et Rocamboles. Chantant dans un train de marchandises fantôme. Il dormait dans des petites gares quand la lune se cachait. Il attendit 10 ans la nouvelle décennie.

Monsieur Fahrenheit


Monsieur Fahrenheit à 100 à l’heure, qui fonce sur la Lune.
Il gambade comme un animal qui brandit sa plume.
L’atmosphère est lourde, pesante c’est comme un film noir qui a des bouffées délirantes.
La terre semble si pure du haut de cette lune.
Qui peut imaginer l’angoisse qui le hante et pour se calmer, il suce des bonbons menthe.
Il vole, il saute entre les cratères de dunes comme si sa vie ne valait pas plus qu’une plume.

Le monde à rebours


Et si je fonce, si j’écoute mon cœur et déploie mes jambes sur échasses multimètres comme un animal à ressort qui gravit le monde à rebours, ou plutôt une plume, j’ouvre mes omoplates à branchies multicolores, allégeant ma tête lourde, à force de penser à toi, à force de souffrir de toi, ton absence, ton indifférence noire.
Je suis prêt à tout, à creuser la terre comme une toupie, tournant sur mes semelles à aimants relevés grâce à l’effet de sol de la technologie pure générationnelle que les adultes ne comprennent pas, mais car il fument à longueur de temps, perdus dans leurs souvenirs d’antan. Juste imaginer leur angoisse. Mais ne détournons pas mon essor vers toi, que je vais chercher, coûte que coûte, quitte à perdre mes yeux bioniques dans un excès de pleurs, flots de larmes diluviennes qui feraient disjoncter mes réseaux optiques. Je te veux, reviens-moi, Tu es ma vie.

918 animaux


L’enfant neuf est à court de soupirs, fabriqués à partir de 918 animaux, il sait respirer comme un chacal dans l’espace désertique. Jeune garçon chagrin, il résonne de cris flamboyants quoique aboyant. Il est sauvage et volatile dans la canopée. Il tire du sommeil les oiseaux aux abords vieillards. Il a encore mille vies simplifiées par son expérience de la nature grandissante. Il va par tous les chemins prendre souffle des éléments : arbres cailloux, poivre meilleur. Il meurt dans un décor de bocaux dans l’antre d’un sorcier.

Vase d'airain


Un vase d’airain, voilà ce qu’il avait gardé avec lui - après ce moment mystique c’était le seul cadeau qu’elle lui avait offert, c’était un geste mystique pour elle. Elle y versa un liquide liquoreux qu’ils aimaient se passer sur la peau. Entre eux les échelons de l’amour n’ont fait que grandir. Aucun ni aucune force d’autres sortes n’aurait pu détruire la magie que ces deux êtres connaissaient pour l’un et l’autre. Aucun masque d’apparat, aucun secret à se cacher.
Amoureux pour toujours. Ils sont comme cette feuille volante d’automne qui vient se poser délicatement sur le sol. Leur vie pleine de tristesses et de Rocamboles est celle maintenant d’un amour si précieux. Dormant avec eux comme la lueur du soleil dort sur la Lune.

Hymne


Hymne à l’innocent qui a connu la déchéance mais qui a su triompher à la fin, à la fin d’une guerre, d’un drame ou d’une partie de cartes. Hymne au renouveau qui renouvelle les manivelles de la vie, du printemps, des éclats.
Hymne aux rescapés des révolutions qui fulminent.
Hymne au résistant de toujours qui résiste comme une toux persistante.

Superhéro écolo


Je rêve beaucoup, j’aimerais partir tel Indiana Jones sauver le monde. Par contre, je veux être un superhéro écolo, qui va conquérir le monde sur son vélo. J’irai sauver les peuples qui vivent dans des contrées lointaines, en Colombie, en Asie, en Amazonie, J’apprendrai beaucoup d’eux, j’affronterai les animaux sauvages, les forêts dangereuses et magnifiques. Je reviendrai transmettre mon savoir au plus grand nombre pour tenter de sauver notre terre.

Déchéance artistique


Je suis un innocent, qui a connu la déchéance artistique, je n’ai pas été celui qui a su triompher de la pression des projecteurs, des producteurs, des metteurs en scène. J’ai courbé l’échine et me voici acceptant des rôles de pacotilles, jouant dans des salles de derrière les fagots, masquant l’envie des révolutions qui fulminent. Je suis une soupape. Un sous-pape, qui cache son jeu d’artiste manqué, comme une toux persistante. Je me farde, je me fonds sous le personnage qu’on a bien voulu me donner mais je continue à jouer, car j’ai le feu ardant du comédien qui brûle en moi.


Une plume


Je veux être une plume qui va conquérir la Lune pour s’abreuver et se ressourcer dans des contrées inexplorées. J’aimerais, je vivrai et j’apprendrai beaucoup des autres. J’affronterai les animaux, je les dompterai, je m’en ferai des alliés, je les respecterai et je ferai le plus grand nombre de ballons que je lâcherai pour être libre.

Silence Radio


Radi’ O!, radis noir, radis blanc, radiations, radiateurs, ras-le-bol des ondes, des lucioles parasites, des raz-de-marée de flash, back, break, Tech, Champion, pignons, pinsons, planctons.
Rat d’égout de la rareté du beau, du son, du majestueux.
Rappeur. Rap. Peur aux trousses, Ragots. Ravigote, Ravagnac. Ravi au lit. Ravaler. Rêvasser. Radeau dans l’eau, l’eau là-haut. Oh Oh. Hi Hi. Ah Ah RhaRha Didi OhOh
Radio, où as-tu mis ta rangée de disques, de son, de conf, de vibration, de silence radio

Les amours rêvées


L’amoureux des lucioles, parasite des raz-de-marée est embarqué dans les tempêtes du siècle qui frappe épisodiquement les certitudes climatiques. Rat d’égout de la rareté du beau, circule dans les méandres des dégâts, fierté opaque des cœurs percés toute une peur aux trousses qui dessine dans le fond les ombres fantasques des amours rêvées. Opinions des masses massacreuses de cette race quand les balivernes des médias leur font dégâts. Radio, où tu as mis ta rangée de disques.

Un monde meilleur


Un monde mappemondes à plat sur une surface d’écorce terrestre d’écorché vif, arraché dans son épanouissement par le bitume qui l’étouffe, un air oxygéné qui soulève la fine plaque d’asphalte qui, à force de souffle, de soupirs, d’espoir, perce une brèche, un petit espace où il est possible de respirer. L’air passe et le soleil au rayon flamboyant vient y brosser sa douce chaleur. Photosynthèse de la Terre admettant le fruit qui vient surgir par les racines, la feuille vert tendre, la fleur blanche-neige, la tige - végétale se dressant vers les cieux. La vie est née sous cette surface grise, le vrai espoir du retour de la nature, les éléments se manifestent. Manifestons-nous à coup de souffle, de joie, de verdure, pour arriver à un monde meilleur.