mardi 7 mars 2017

Sur ce sentiment nouveau

Sur ce sentiment nouveau et qui pour moi était complètement inconnu, je m’essayais soudain à une rapide introspection dont l’effet était de comprendre avec précision ce que je ressentais alors, car à dix-sept ans seul l’ennui remplissait d’habitude mes moments perdus. Or aujourd’hui, la solitude et la grisaille avaient laissé place à la douceur et à un regard lumineux qui reste encore gravé dans ma mémoire aujourd’hui. Elle était alors tout pour moi, le centre de ma galaxie. Je gravitais autour d’elle comme une lune et je me souviens que son parfum et son visage m’obsédaient encore parfois. J’hésite souvent à me replonger dans ce souvenir tant il est beau et intense. C’est comme une toile de maître, il ne reste plus qu’à apposer sa signature pour qu’il soit à tout jamais parfait. Seulement le nom de la belle me terrifie et il m’est difficile d’évoquer ici le beau nom de ma douce. Disparue peu après dans un grave accident de la route, je suis resté des années habité par une infinie tristesse.

Réponse à Yacine

Tiens, voilà la nouvelle motrice TGV de la ligne Franco-allemande. Et ben si on m’avait dit que je verrais ça de mon vivant ! Ah c’est sûr c’est pas une vieille drésine comme vous les filles !
T’as entendu Micheline, comment il nous parle l’autre face de TER toute taguée !
Oui on a les boules de voir ce nouveau TGV flambant neuf et qui tape le 320 alors que nous, on pue le gasoil depuis la naissance ! Oui, on voudrait bien aussi avoir des suspensions pendulaires pour pouvoir tordre du cul dans les virages. Et oui, on aimerait bien tracter autre chose que des wagons miteux avec la clim en panne et les toilettes bouchées.
Et toi le TER, quand tu auras fini de pisser de l’huile à chaque fois que tu voies une rame de tram onduler devant la gare, tu pourras venir causer châssis avec nous !

Sur ce sentiment exaltant

Sur ce sentiment exaltant que j’éprouve pour l’inconnu, la nouveauté, le jamais défriché, je m’immobilise  malgré moi et ne peux faire un pas supplémentaire. Il est là pourtant, si proche de moi, celui dont le désir de possession m’a toujours obnubilée, il me regarde de sa façon qu’il a bien à lui de pénétrer dans l’âme de l’autre, au point de se sentir démasquée, à nue. Son regard a le don de me désarçonner.  Il est si puissant, qu’il serait capable de me libérer de cet état si fréquent chez moi : l’ennui. La douceur et la bienveillance qu’il me renvoie me subjuguent. Je suis comme dans un songe, incapable d’y croire. C’est bien à moi qu’il s’adresse, c’est bien vers moi qu’il s’approche. Ses mains, son odeur, son sourire m’obsèdent. J’hésite à me mouvoir, comme une statue de cire, je ne veux surtout pas faire le geste qui fera capoter mon rêve, si réel pourtant. L’immobilité m’est pénible, mes paupières n’osent se fermer, j’ai les yeux qui me tirent, les larmes qui montent sensiblement. Je ne veux pas qu’il les voit.  D’ailleurs c’est moi qui ne le vois pas venir et apposer sur mes lèvres le fin cachet du sacrement de l’amour. Ce baiser si tendre, qui s’ouvre pour se répandre en profusion liquide, en coups de langues et inspection profonde. Ma bouche est pleine de lui. Je l’avalerai tout entier, mais sitôt pensé, le voilà qui délaisse ma bouche avide pour la peau fine de mon cou. Je suis sans contrôle, il me malmène, m’emmène dans des horizons sans frontières. Je scande son nom, le beau nom de roi, le nom grave et vengeur de Dieu. Je m’affole, stupeur, béatitude, je reste indemne et bien là, debout face à lui. Je le vois s’éloigner, ne me laisser pour seul sceau seigneurial que ma tristesse.

Réponse à Carole

« Je garderai mon nom », elle me l’a redit encore une fois aujourd’hui. « Je garderai mon nom » d’un air détaché, avec ce sourire impénétrable. « Je garderai mon nom » d’une manière légère mais ferme à la fois. Comment peut-elle maintenir cet aplomb, ce constat inébranlable qui résonne en moi comme un refus, une porte hermétique, une porte de prison, j’ai l’impression de ne pouvoir jamais la posséder vraiment. Une indépendance à toute épreuve, elle ne se pliera jamais à mon emprise. Comme deux êtres qui vivent côte à côte, épaule à épaule, qui regardent dans la même direction, qui empruntent le même chemin, qui partagent un quotidien mais sans jamais ne former qu’un. Deux vies parallèles où plutôt sa vie et moi son ombre. Et si je la renversais d’un geste assuré et lui crierais : « Tu m’aimes, avoues-le ! », « tu m’appartiens », « tu es mienne ». Mais je suis lâche, dominé par sa beauté froide et cruelle. Je l’aime.

Me voilà réveillée dans ce manoir glauque Version Laurence

Me voilà réveillée dans ce manoir glauque, l’élixir a fait effet et je plante mes pieds nus sur un sol gluant et râpeux. Il fait noir, froid et l’humidité s’accroche à mes cils, je m’aventure à tâtons cherchant un moyen d’éclairer les lieux. Mes pas lourds et patauds résonnent dans la pièce. L’odeur acide du vieux propriétaire me guide. Je m’approche de lui, il émet un son – sorte de salive qui passe dans son gosier. Je ne suis pas rassurée et tous mes sens sont aux aguets dans ce quasi silence pesant. Le vieux se met alors à hurler un chant de noël hideux. C’est inattendu, ça m’a pris à la gorge, j’ai senti mes tripes se resserrer mais c’est le fond de mon pantalon que j’ai senti saisi par une chaleur mouillée. Le vieux chante de plus belle et moi je lutte mais mon corps se meut et danse, danse. Me voir là, rebelle et dansant dans ma noire culotte. J’aperçois deux ailes se plier et se déplier dans le dos du propriétaire, un halo lumineux derrière lui : « Mais vieillard ailé, danse et moque toi de ma culotte ! » Les mots sortent de ma bouche, sans que je ne le maîtrise. Et voilà le vieillard qui déploie ses ailes et s’envole au-dessus de moi. Une pluie amère et lourde tombe sur moi. Je danse, je m’élance, je suis enivrée par ce liquide chaud qui dégouline sur moi. Le halo de lumière a disparu, le vieillard a disparu et je suis seule, légère, soulagée, me défoulant dans ma danse endiablée. Je suis bien, détachée. Ma vie est là, rêvée, dans ce noir gras et rauque.

Me voilà réveillé dans ce manoir glauque - Version Vincent

Me voilà réveillé dans ce manoir glauque où la chaleur s'évapore en un clin d’œil. Le chat patibulaire a une fourrure rousse. Il me regarde d'un air de hibou déboussolé. Je me lève doucement dans le silence sourd de ce lieu isolé. L'hôte du coin, un monsieur d'un âge mort semble absent de la maison. Hier soir, il m'avait semblé passablement préoccupé et m'avait accueilli sans effusion et avec une tonalité de corbeau dans sa gorge. Étrangement je sens une présence forte dans ce silence lourd. Le chat est sage malgré sa grotesque façon de me fixer. Je m'habille solennellement comme il sied à un prince de province qui découvre un pays inquiétant à travailler. J'ai dans ma poche ma carte de journaliste venu d'une ville civilisée aux vices précis. Dans cette campagne, je dois chercher un témoin clé d'une affaire tout à fait imbécile. Le dépaysement avec mes activités médiatiques sportives sont éloquentes. Je descends prudemment l'escalier craquant pour me rendre au rez-de-chaussée où je pourrai prendre un petit déjeuner rustique. Ce qui peut sembler impossible dans un pays où des ascenseurs vous cueillent et vous envolent dans une mécanique d'aplomb semble pratiquement certain dans cette maison poussiéreuse où la vieillesse des choses et leur mordant de rester en vie, laissent paraître une âme dans chaque objet. Dans ma descente, je regarde quelques tableaux d’ancêtres locaux qui semblent vifs dans le fond noir de la peinture. Je reconnais à peine le lieu où hier soir dans la nuit d'hiver j'étais parvenu à entrer. Alors que je m'apprête à me rendre au salon, une glace renvoie mon image et je me vois régnant dans ce couloir haut.

mercredi 1 mars 2017

Le petit Papier

Josiane, Vincent, Claude, Luc, Marion, Delphine, Laetitia, Laurence, Alix et Marthe, tous ensemble dans la folle ronde des mots, de la langue, des virelangues; les mots qui remplissent le papier et qui résonnent dans la salle et qui ne tombent jamais !

La tête par terre

#J’étais libre à présent de déambuler sous les paratonnerres, la tête par terre, à traîner mes pensées tout en aspirant les bulles que forgeait la ficelle qui me tenait à l’envers. Elle me cisaillait les fesses à tel point que des graines se plantaient dans les coupures et faisaient fleurir des invertébrés dorés, des  colères au derrière et des pompons colorés.

J’allais droit à la foire aux souliers découvrir les nouveaux rythmes et cantiques, j’ai attrapé un revers qui m’a ouvert un bout de ciel où j’ai pu plonger la tête la première dans l’eau bleue azur aux scintillements argentés. La pomme est tombée, elle a brisé mon cœur, j’ai ramassé les miettes et je l’ai reconstituée pour former une voile dans laquelle je me suis mouchée.#

Coquillages à marée basse

Je déambule, bulle, bulle... Bulos, huîtres et fruits de mer, c'est un défilé à mes pieds. Je me penche et regarde. Sous la coquille d'un Bernard l'Hermite, ma soeur ! Je la prends dans ma main et elle se rétracte au fond de la coquille. 
Le défilé continue, il y en a tant, il n'y a plus de chemin, lorsque je marche sur les huîtres, je sens sous mes pieds des craquements. J'ai peur d'écraser ma famille. Et si ma mère était dans cet oursin ?
Je marche encore, ils deviennent énormes et je vais à contre-courant. Alors, elle est devant moi et son chapeau ressemble à...
Le réveil sonne. 

Apprendre à Aimer

C'est en étalant considérablement la confiture sur la scène que je finis par me mettre à danser. Non ! Point de mirage ! J'étais parfaitement dans les clous, le chameau était juste.
Je pus alors commencer, je pus apprendre à aimer. 

J’ai considérablement changé

#Tout a commencé quand j’ai voulu apprendre à faire de la confiture, j’étais motivée mais pas équipée. J’ai pris ce que j’avais dans ma cuisine : des clous de girofle du poivre et quelques champignons secs. Oui de la confiture salée et pourquoi pas ? J’ai jamais trop aimé le sucre. La mixture diffusait un arôme enchanteresque, juste ce qu’il fallait pour faire tourner la tête, dilater les pupilles et se sentir bien. La musique est venue naturellement balancer sa mélodie dans mon corps vibrant, je me suis mise à danser, les meubles se sont mis à tourner, j’avais du mal à distinguer les formes qui apparaissaient comme des mirages. J’ai cru voir un chameau et je me suis mise à rire, gorge déployée, tête en arrière, sensation de liberté, de lâcher prise, je faisais un boucan. Mais le chameau l’a mal pris, il m’a fait une scène et a éteint le feu sous la casserole. Ce fut le point de rupture.#

Dix Mots d'introspection

Lorsque je me suis mis à danser sur la scène c’était comme manger de la confiture. Pour enfoncer le clou, juste comme un dos de chameau quand on aperçoit un mirage.

C’est apprendre à aimer considérablement.


J’éprouve du plaisir à monter sur scène pour m’exhiber, c’est de la gourmandise. L’espoir de trouver le graal. D’avoir réussi à aimer. Comme quand j’étais môme, je cherchais à aimer et me faire aimer, en faisant mon intéressant. Et maintenant que je suis devenue grand, je cherche toujours la même chose.

L'enfant Do

Le petit enfant s’est mis à faire ses premiers pas.
Sans prévenir.
Il s’est appuyé sur un tabouret.
Sans prévenir.

Une chanson douce transcrite

#Un son comme un chant sort de la queue du méchant, ma main hantée par la mélopée cache mon émoi, portant la pulsation de mon pouls à son paroxysme. Ma main continue ses va-et-vient appelant davantage encore le démon tapis au creux des ténèbres, quitte à perdre le piédestal sur lequel je l'avais placé, acceptant que le mont doré puisse se transmuter en souffre, l'appétit dévorant ma gorge, je biche et relève le défi maléfique. J'avale d'un seul coup de langue, saccageant tout autour de moi, appelant sa foi, je m'oublie et loue cent fois l'affiche postée au mur sur laquelle glisse la bise liquide de mes déboires.#

L'homme au Grand Manteau Blanc

Il portait un grand manteau blanc et pour nous émerveiller, nous a chanté des airs d’opéra qui nous ont transportés loin de la ville.

Rêve insensé

J’entre dans la maison un pas puis deux, je me méfie, je sens des regards, je suis prise dans un traquenard. J’avance doucement, par la fenêtre la blancheur de l’horizon n’a d’égal que la chaleur du soleil. Profondément presque instantanément, je rêvais de mon enfance sous mes yeux. Que me veulent ce satyre et cet émir ? Qu’attendent-ils de moi ? Flûte ! Zut ! Je n’entends plus rien. Caprice de génitrice peut-être. Elle traîne son miroir sur le trottoir, Elle cherche son reflet de jeunesse. Pour se consoler elle éteint la lumière en buvant une bonne bière.      

Paralysie du Sommeil

Je dors profondément, je ne sais pas, mais j’entends une voix roque, une présence, un homme me murmure quelque chose que je ne saisis pas. Il s’allonge sur moi, je sens le poids de son corps sur moi, il  m’écrase, je suis paralysée, je ne peux plus bouger, je me réveille.

Histoire sans queue ni tête

C’est ainsi que tout commença, il était là tel un singe en ébullition, il s’agitait dans tous les sens. Ses phrases ne voulaient rien dire, il oubliait la fin des mots. Tout le monde le regardait faire son numéro. D’un coup il s’arrête. De quoi s’agit-il ? Il avait derrière lui un carton rempli de tomates farcies qu’il commença à lancer sur nous ! On aurait dit qu’une drogue martèle tout le centre commercial. Qu’elle fumerie cette histoire ! Certains criaient « gare à tes pieds ! ». Mais en rentrant dans une errance programmée, l’air n’était-il pas aphrodisiaque ? Peut-être qui sait ?

Psychanalyse de Laurence

Tu aimerais être ce personnage d’un autre monde. Seulement, ce monde étrange t’a emprisonné, tu as été poursuivie par un inconnu. Ta vie te donne des difficultés et tu sais te défendre et te battre pour trouver ta place. Tu n’hésites pas à aller vers l’autre. Pour le réconfort, tu as ton univers fait d’étoiles, c’est lui qui te porte pour briller dans ce monde de blancheur.

L'oiseau Blanc

L’oiseau était d’une telle blancheur
Les enfants ont eu un regard,
Il nous illumine, majestueuse chaleur
Soudain il s’envole du traquenard
Loin, très haut jusqu’à la lumière
D’autres goélands suivaient cet émir
Nous étions attablés à boire une bière
L’homme est sorti avec des yeux de satyre
Nous avons pensé instantanément
Qu’il viendrait jouer sur le trottoir
Il a posé un magnifique miroir
Ensuite il a respiré profondément
Pour enfin jouer un morceau de flûte
Accompagné du chant de sa génitrice
Elle nous sourit, mais avec caprice
Entraîne nos émotions dans sa chute

Oh!Toi Maman

Je marchais sur le trottoir
Au hasard je cherchais du regard
Celle par qui je naquis j'ai nommé ma génitrice 
Oh toi maman amène-moi la lumière
Dans toute la ville répand la blancheur
Viens m'apporter la chaleur
Je n'ai pas tant de caprices
Je t'invite juste à prendre une bière
Allez calme-toi et respire profondément
Reprends-toi et regarde le miroir
Tu verras mieux et me reconnaîtras instantanément
Je suis ton fils et non un satyre
Moi je suis tombée dans un traquenard
Que m'arrive t-il aujourd'hui et flûte
Je devais encore te faire rencontrer l'émir
Ma mère est partie et je suis toute seule pour la chute

Alexandrins oniriques

Je cours, il court après moi, j'accélère. Chute
Mes bras dansent, mes jambes flanchent instantanément
L’apesanteur me transporte sur l'air d'une flûte
Leger, apaisé, je sombre profondément
Dans une myriade de feu-follets en chaleur
Aveuglé et sourd par toute cette blancheur
Je cherche un repère, un ami, un miroir
Mon visage m'apparaît, je suis bien l'Emir
Qui vient de perdre son turban sur le trottoir
Il se cache et ricane, le voleur satyre
Je l'entends rire. Moi, pris dans son traquenard
Où est-il que je l'attrape par le regard ?
Que je lui serre la gorge ? que je gave de bière ?
Excité par l'euphorie d'un si bon caprice
Il est à ma merci, je jubile. Lumière
Réveillé de plein fouet par ma génitrice

A flanc de falaise

Une falaise abrupte sur une mer déchaînée, des vagues immenses qui se cassent sur une statue émergeant des flots, sorte de satyre à la pose du Penseur de Rodin. Je suis au bord de la falaise, je sens l’attraction du vide m'envahir, je résiste légèrement mais je laisse faire. Un pas. Je tombe. A quelques mètres seulement, la falaise n'était finalement pas si haute: 2 mètres. Aurait-elle rétréci ?

Amphibie luciférien

#Je suis amphibie luciférien, muqueuse aqueuse, corps gras, corpulence gluante, je résiste au feu, en provenance des enfers d'une benne. Tout a commencé le jour où j'ai vu des oiseaux sillonner dans une prairie. Ils étaient noirs à tâches blanches et leur chant oscillait entre le meuhh et le pffff. Leurs plumes envoyaient des feuilles sur le coussin d'un tourbillon qui montait vers le toit rouge. La pluie battante s'effondrait en nuls lieux. J'ai vu les barres sur les T des pylônes électriques rompre en étincelles ; des chaussures attachées aux câbles tomber sur moi ; ça m'a fait l'effet froid de la placidité d'une armoirie. Ma langue est sortie de son étui oléagineux et s'est empressée de se mettre à l'abri dans la gueule d'une presse à papier. Coupée, pressée, tiraillée, elle s'est enroulée et m'a emportée avec elle dans la presse. Je ne connaissais pas la chair de ma langue, je l'ai vue de près, visqueuse, pisseuse et j'ai compris que demain ne reviendrait plus.#

Errance Programmée

La tomate farcie fait office d'un point cardinal d'une mathématique pathétique que nul ne peut déchiffrer sans devenir un singe en ébullition, celui qui cogite, cela a des proportions coyote à partir au désert :
La drogue qu'il prend donne le tournis comme la vibration d'un sèche cheveux qui martèle une sécheresse capillaire dans une orientation scabreuse pour que le cerveau en zone d'évasion connaisse l'état second de conscience  des cloportes en boule.
Plaque, plaque ! dit le bonhomme déboussolé, la fin des mots va lui venir avec le vomi des bons sentiments :
Bagarre à tous les étages et gare à tes pieds !!! disent les gastéropodes qui vont mal dans la casserole.
La fumerie qui en résulte termine la vie de beaucoup : Le compost des mots qu'échange les gourmets a des vertus aphrodisiaques et le partage des régals exalte les frémissements les plus anodins ; C'est une errance programmée qui conduit bien des gens à déjeuner ici et là sur des banquettes de briques et des tables circulaires et le cidre dilue le temps et l'espace de sa piquante existence....

Le Fumoir

#Anne martèle la porte de la fumerie, ça cogite tellement là-dedans que les gonds tremblent et le bois ondule. Le battant de la porte s’ouvre brusquement et envoie Anne à terre. Elle entend crier « gare à tes pieds ! » Par réflexe elle les soulève - femme chandelle. Un singe en ébullition arrive en trombe sur elle. Il est poilu, fumant. Le blanc des yeux qui fait des bulles la regarde hagard. Plac plac. Gaston, le patron, vient de lui agrafer une pancarte dans le dos : « Errance programmée ». Le singe hurle, il fout une beigne à la femme chandelle avant de partir en courant. Pleurs étouffés de la jolie poupée défigurée. Gaston la relève, il l'emmène dans le fumoir. Ça sent la drogue à plein nez. Ils font brûler du compost à base de gingembre et de marijuana. Anne se requinque gentiment et oublie sa blessure. Elle absorbe l'aphrodisiaque puissant et émet un gémissement jouissif à la fin des mots qu'elle prononce. Elle déboutonne son chemisier avec nonchalance et dévoile une à une ses généreuses tomates farcies, qui retournent la tête des consommateurs affamés, qui se jettent sur elles. Bagarre.#

Fatigue d'automate

Fatigué, fatigué de l'été et de l'éther, les deux oui ! Fatigué comme l'automne qui manque d'automatisme...
Je suis mal défini, mal fini, mal débutant...
Très vite, autour, très vite ça va ! 
La folie ça vient comme ça, top départ : La voilà venue la folie, très vite !
La folie fatiguée, la folie définie fatiguée, la fatigue liquide, la folie foncière, la folie d'écriture...
Fatigué d'être fou je vais essayer des espadrilles dans le bal désemparé des à-côté...
Top départ : Les violons du coin sonnent comme des matous esquintés, des violons puissants et désaccordés comme on en voit peu...sauf si tu es fou et fatigué et que tes prunelles trop vite te montrent le visage des coursives...
Et alors là t'es mal et fatigué, les deux encore une fois !
Très vite les choses foncent, telles des fusées et toi immobile dans ta conjoncture brûlé...mal et fatigué tu attend le passage de tout ça...
ça promet d'être long ce tournage de page...
Fatigué, fatigué trop vite dés le top départ des musiques du monde :
C'est éclair de lucidité et foutrerie en tous genres et une absence qui agace bien des choses, des choses fatiguées somme toute aux couleurs passées et aux vigueurs mortes.