lundi 18 février 2019

Je la vois

Je la vois. Elle passe sa porte. Le soleil l’éblouit, ses yeux plissent. Puis, elle prend une expression étonnante, comme si elle avait subitement croisé la silhouette d’un animal familier, qui se serait travesti. Elle s’adresse à lui : « Arrête de rire avec le premier moineau venu ! ».
Contrairement à d’habitude, le discours de cette femme est farfelu. Elle, qui, d’ordinaire, est une femme si structurée, et dont les rêveries sont d’un réalisme désarmant, me surprend par cette brusque transformation ; alors, j’efface cette image qui me déstabilise. Je me complairais désormais à la décrire, tel qu’il m’a toujours été donné de la voir, jusqu’à ce jour.
Je veux dorénavant décrire une femme lucide, qui erre souvent dans de vieilles maisons. Sa mémoire est translucide, ses émotions ne transparaissent jamais sur son visage lisse ; elle rêve souvent la nuit, comme tout un chacun, mais à son réveil, l’expression de son visage est celui d’une statue, dont l’existence est figée pour l’éternité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire