A
contretemps, il pleut, je sors. Il fait chaud et sec, je me planque. Je suis un
contemplatif, je sais apprécier les choses élémentaires. Qu’il est bon de
prêter l’oreille au clapotis de l’eau, au croassement des grenouilles, au
fourmillement des vers de terre ; d’observer de près les auréoles dans la
flaque, la terre noire qui bouge sous le passage du lombric, les éclaboussures
sur le bas des pantalons.
Tous
mes sens sont aux aguets, un rayon de soleil arc-en-ciel, une feuille tournoie
dans sa descente, l’odeur de l’humus et de l’herbe épinard, les relents de
chlorophylle et de champignons des sous-bois. Si je sors et que je rencontre
quelqu’un, je reste coi, je déploie mes récepteurs mais à la moindre menace,
j’ai les entrailles qui se tordent, la mâchoire enclume, l’intérieur qui se
retrousse. ‘’Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? »
Je
peux gêner, il est vrai, j’ai la fâcheuse manie de tout observer. Je suis une
éponge mouillée, qui ne cesse de se gorger à chaque passage et quand c’est le
trop plein. Je pleure, je pleure des étoiles, ça brille et scintille, je
l’appose sur la feuille, ça m’alimente et m’aimante. Je ne parle pas, mais je
ne me tais pas pour autant, j’écris.
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