jeudi 10 juin 2021

Je pleure des étoiles

A contretemps, il pleut, je sors. Il fait chaud et sec, je me planque. Je suis un contemplatif, je sais apprécier les choses élémentaires. Qu’il est bon de prêter l’oreille au clapotis de l’eau, au croassement des grenouilles, au fourmillement des vers de terre ; d’observer de près les auréoles dans la flaque, la terre noire qui bouge sous le passage du lombric, les éclaboussures sur le bas des pantalons.

Tous mes sens sont aux aguets, un rayon de soleil arc-en-ciel, une feuille tournoie dans sa descente, l’odeur de l’humus et de l’herbe épinard, les relents de chlorophylle et de champignons des sous-bois. Si je sors et que je rencontre quelqu’un, je reste coi, je déploie mes récepteurs mais à la moindre menace, j’ai les entrailles qui se tordent, la mâchoire enclume, l’intérieur qui se retrousse. ‘’Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? »

Je peux gêner, il est vrai, j’ai la fâcheuse manie de tout observer. Je suis une éponge mouillée, qui ne cesse de se gorger à chaque passage et quand c’est le trop plein. Je pleure, je pleure des étoiles, ça brille et scintille, je l’appose sur la feuille, ça m’alimente et m’aimante. Je ne parle pas, mais je ne me tais pas pour autant, j’écris.


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