mardi 7 mars 2017

Sur ce sentiment exaltant

Sur ce sentiment exaltant que j’éprouve pour l’inconnu, la nouveauté, le jamais défriché, je m’immobilise  malgré moi et ne peux faire un pas supplémentaire. Il est là pourtant, si proche de moi, celui dont le désir de possession m’a toujours obnubilée, il me regarde de sa façon qu’il a bien à lui de pénétrer dans l’âme de l’autre, au point de se sentir démasquée, à nue. Son regard a le don de me désarçonner.  Il est si puissant, qu’il serait capable de me libérer de cet état si fréquent chez moi : l’ennui. La douceur et la bienveillance qu’il me renvoie me subjuguent. Je suis comme dans un songe, incapable d’y croire. C’est bien à moi qu’il s’adresse, c’est bien vers moi qu’il s’approche. Ses mains, son odeur, son sourire m’obsèdent. J’hésite à me mouvoir, comme une statue de cire, je ne veux surtout pas faire le geste qui fera capoter mon rêve, si réel pourtant. L’immobilité m’est pénible, mes paupières n’osent se fermer, j’ai les yeux qui me tirent, les larmes qui montent sensiblement. Je ne veux pas qu’il les voit.  D’ailleurs c’est moi qui ne le vois pas venir et apposer sur mes lèvres le fin cachet du sacrement de l’amour. Ce baiser si tendre, qui s’ouvre pour se répandre en profusion liquide, en coups de langues et inspection profonde. Ma bouche est pleine de lui. Je l’avalerai tout entier, mais sitôt pensé, le voilà qui délaisse ma bouche avide pour la peau fine de mon cou. Je suis sans contrôle, il me malmène, m’emmène dans des horizons sans frontières. Je scande son nom, le beau nom de roi, le nom grave et vengeur de Dieu. Je m’affole, stupeur, béatitude, je reste indemne et bien là, debout face à lui. Je le vois s’éloigner, ne me laisser pour seul sceau seigneurial que ma tristesse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire