lundi 22 mars 2021

Laurence sur une île

Une île au milieu de l'océan, un soleil rouge éclaire une plage de sable fin, revêtant la même couleur. Un homme nu debout sur la plage. Pas de vêtements laissés par terre dans le périmètre alentours. L'homme a une bouche ouverte en grand, d'où sort un cri. La tête est penchée en arrière, les deux mains en entonnoir autour de sa bouche poussent le hurlement en direction des cieux. 

Les mains s'écartent, restent en suspens puis retombent le long des cuisses à la pilosité forte. Mains aux doigts secs et caleux sur poils noirs. Puis c'est tout le corps qui s'effondre et s'étale sur le sable. L'homme sur le dos a les yeux rougis. Il les ferme. Des larmes coulent sur ses joues couperosées. Les jambes et les bras de part et d'autre du corps, inertes, et le ventre creux, qui monte et descend dans une respiration saccadée. 

Un filet de voix incante et réclame l'aide de Dieu. L'homme, pris de convulsions, est seul sur ce monceau de terre. Des oiseaux survolent l'île en arcs de cercle de plus en plus resserrés autour de l'individu au sol. Le ressac de la mer approche la plante des pieds de l'homme sans la toucher. Des ailerons de requins apparaissent en surface dans la marée basse. 

L’homme plie un bras et s'accoude sur un côté puis le bras flanche et l'homme retombe sur le dos. Il renouvelle la position mais flanche encore. A plat sur le dos, le visage se déforme, le corps convulse, les yeux roulent dans leurs orbites. L'homme bredouille des phrases dans sa barbe, postillonnant, tirant la langue, lançant sa tête de gauche à droite. 

Un temps. Silence. Il ne bouge plus. Les oiseaux atterrissent sur le sable. Traçant des étoiles dans le sable, ils viennent picorer les orteils de l'individu.  Qui sursaute, se redresse. Donne des coups de pied dans les volatiles. Le visage aux lèvres pincées, le port de tête droit, il est debout, fait dos à la mer et se dirige vers la jungle. 

Il gravit la colline, le regard fixe sur le sommet de l'île. Ses pas avancent à travers les plantes grasses et les ronces. Ses mollets se colorent de rouge, le sang perle à mesure qu'il progresse. Les oiseaux virevoltent au-dessus de lui. Des oiseaux aux multiples couleurs, parfois fluorescentes. Ils chantent au-dessus de sa tête.  L'homme avance toujours. Ses pieds arrachent des lianes pleines de ronces et s’y enfoncent, l'un après l'autre. L'ascension. Le sommet. Une lumière diffuse un halo éblouissant. Dieu. Dieu est là en face de lui. Il tend la main et lui montre le paradis. 

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