lundi 22 mars 2021

Le cri des Corneilles

Cri des corneilles aux cimes encore nues

L’Univers s’agite, Mathilde est revenue

Clé sous la porte, tablier rendu

Demain s’effrite, Mathilde est revenue

Le cœur trop mou, haché tout menu

Les dés sont pipés, Mathilde est revenue

Oh ! Grand remplacement, Oh ! Îles mirages

A quoi bon lutter, Mathilde est revenue

Le corps en suspension dans une autre dimension le temps d’une chanson, d’un mois, d’un songe peut-être ? En contemplation devant ce parallélépipède un peu bancal, pas très symétrique en somme, qu’était sa vie jusqu’à maintenant. C’est l’hiver, le spectacle est beau, finalement, quand on le regarde de haut.

Et puis soudain, ses bras, ses jambes, indubitablement, elle vit encore et les jours font sens, les heures prennent forme et les angles des rues dans son esprit retrouvent des couleurs. Combativement, elle remet de l’ordre aux méandres de son cerveau et les reflux boueux qui composent ses pensées se mêlent d’eau claire, c’est limpide. Une démocratie nouvelle, des articles de lois syntaxiquement parfaits, en accord avec elle-même. Anticonstitutionnellement elle prend la fille de l’air, l’exode loin d’hier sera long mais la quête est louable, trouver enfin son monde, et le régir à sa façon.

Elle hasarde un œil fiévreux sur la charpente maintenant à ciel ouvert. La fenêtre en face a perdu ses carreaux, et ouvre maintenant des yeux vides sur le corps des oiseaux de proie, fermant le bal sur les derniers airs de la catastrophe qui vient de se jouer.

Oh Mathilde, trombe marine dont la légende fait trembler les pêcheurs par son inconstance, se passera- t-il un mois, un an, une décade avant que tu ne reviennes engloutir les chalutiers et leurs filets, avant que tu ne transformes à nouveau les prés en marais stériles ? Combien se sont déjà retrouvés apatrides après tes frasques ?

Elle repousse la lourde table et les décombres qui la coincent au coin de la pièce et sort de la chaumière avec peine, enjambant les branches et les gravats.

Elle ramasse au hasard les quelques souvenirs rescapés, un cadre, une théière, sa vieille poupée.

Elle émigre vers l’horizon, où le ciel est clair et où Mathilde, la reine des tempêtes, n’existe plus.

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