Le conseiller funèbre est entièrement vêtu de noir hormis un plastron blanc amidonné. Il a un torse volumineux sur des jambes curieusement fines. Il reçoit le public avec une grande dignité, une déférence – fruit de décennies de pratiques funéraires. Personne d'autre que lui n'a l'art de présenter le catalogue des cercueils en pin, en chêne, ou en précieux acajou. Sa vélocité n’a d'égal que son sens commercial. Le quidam endeuillé, oublie tout à coup le drame qui vient de le frapper pour se tourner vers des préoccupations frivoles : rose ou bleu, le matelas qui va accueillir l'être cher ? Bordure simple à feston ou en broderie anglaise ? Le conseiller funéraire habile et précis dirige la clientèle vers le raffiné, et bien sûr le coûteux, voire le dispendieux. Personne n'ose choisir l’humble chêne et le papier crépon, auquel notre conseiller tourne le dos. On ne meurt qu'une fois alors, pas foin de l'avarice semble dire son attitude au client subjugué.
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