samedi 25 novembre 2017

Sophie Calle

À Montmartre, j’ai toujours aimé passer des heures assises devant la sortie du funiculaire à observer les touristes grabataires, incapable de monter les marches. J’avais 14 ans et je tenais un cahier répertoriant les types d’individus : en surcharge pondérale, en fauteuil roulant, en béquilles, en pleine forme mais allant se faire un café dès leur arrivée, paresseux par essence. Je les regardais tous avec avidité jusqu’à ce qu’elle arrive, elle, la grande demoiselle au chapeau fleuri, élégante, debout, souriant et digne. C’était bien la première fois que je vis un tel personnage, venu d’une autre époque. C’était bien la première fois que je quittais mon promontoire pour suivre ce halo lumineux, cette femme charismatique, qui subissait railleries et regards réprobateurs sans jamais sourciller. Mais c’est pourtant la plus belle chose que je vis sur terre.

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