À Montmartre, j’ai toujours aimé
passer des heures assises devant la sortie du funiculaire à observer les
touristes grabataires, incapable de monter les marches. J’avais 14 ans et je
tenais un cahier répertoriant les types d’individus : en surcharge pondérale,
en fauteuil roulant, en béquilles, en pleine forme mais allant se faire un café
dès leur arrivée, paresseux par essence. Je les regardais tous avec avidité
jusqu’à ce qu’elle arrive, elle, la grande demoiselle au chapeau fleuri,
élégante, debout, souriant et digne. C’était bien la première fois que je vis un
tel personnage, venu d’une autre époque. C’était bien la première fois que je
quittais mon promontoire pour suivre ce halo lumineux, cette femme
charismatique, qui subissait railleries et regards réprobateurs sans jamais
sourciller. Mais c’est pourtant la plus belle chose que je vis sur terre.
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