Les lumières clignotent comme un stroboscope dans la salle d’astreinte
des infirmières. Corinne est seule et sans arme devant cette guirlande d’appels
au secours. Par qui commencer ? Elle sait pertinemment qu’en rentrant dans les
chambres les unes après les autres, elle se fera tornade, mistral, tramontane,
elle enverra son souffle d’asthmatique dans les branchies de ses patients,
retenant son sang bouillonnant face à l’insignifiance des demandes, face à la
détresse de ces solitudes. Corinne appelle Mère Teresa, Sainte Thérèse de
Lisieux, Saint Gabriel. Les plafonds se colorent de bleu turquoise, les
lumières blafardes s’éclairent d’une chaleur divine, des plumes d’anges
survolent les pièces et viennent se poser sur chaque orbite vitreux, veineux,
larmoyants des patients. Les lits voguent dans un bercement de landau, les âmes
se calment, la discothèque s’est arrêtée dans la salle d’astreinte. Corinne est
allongée au sol, sans souffle, sans battement, en paix.
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