samedi 6 août 2022

Homme seul dans la pénombre (vu par Laurence)

Il était là dans la pénombre. Puissant, intense, un diamant noir. Un regard hypnotique, une fine bouche sensuelle et énigmatique. Oh le bel ourlet sous la barbe épaisse. Je me cache pour ne pas qu’il me voit, j’ai une folle envie de l’étreindre, de l’embrasser, de respirer tout son être. Même cette odeur poisseuse, comme un vermouth renversé, un bidon d’essence prêt à flamber, ne fait que réveiller mes sens.

Mon tendre et cher, serait-il un assassin ?

J’ai bien vu, qu’il observait en retrait le duo à plumes qui s’accouplait, dans une danse nuptiale. Deux gros oiseaux blancs au long duvet, à l’envergure identique. Deux siamois, deux albatros qui s’entrelacent. Son œil pétillait en les voyant. J’ai ramassé au sol des lunettes infrarouges. Comme il était excitant de le voir sous des traits bleutés, qui dessinaient sur son visage une expression toute nouvelle pour moi ; celle de la satisfaction de celui qui s’apprête à faire, celle de l’extase avant l’action, celle de l’excitation retenue pour assurer la beauté de geste. Qu’allait-il faire mon bien aimé Ah !

Le son de la détonation fut aussi bref que le frottement du phosphore de l’allumette sur son grattoir. Les deux volatiles s’enflamment dans un feu d’artifice chorégraphié et symétrique.

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